GRENADINE

Grenades
Aquarelle (c) Asuka Hishiki

Après la Fée Verte, le Fruit Rouge... Un autre billet prétexte à montrer de merveilleuses oeuvres fruitières...

Une explosion de saveurs...

Injustement méconnu dans la plupart de la France, mis à part en Provence et dans le sud-ouest, les premières traces retrouvées du Grenadier datent du Néolithique ! Sa culture n'a pas toujours été ignorée dans notre pays, elle apparut sous le règne de Louis XV mais n'a jamais eu l'importance que lui accordèrent l'Italie ou l'Espagne. 

Pierre-Joseph Redouté
"Grenade"
1827

Or le Punica Granatum, de la famille des Lytracées, fait partie intégrante de notre patrimoine fruitier, au même titre que l'amandier ou le figuier, mais eux, on ne les as pas oubliés... Essayez de citer une ou deux sortes de grenadier, hum ? lol Si on renouvelle l'expérience avec un pépiniériste du sud, il lâchera un Douce de Patras, un Acide de Patras, un Mollar d'Eche ou un De Provence, et puis c'est tout ! Honte à nous, on est très loin du compte ! La plus grande collection se trouve au Turkménistan, elle est riche de plus de 1000 grenadiers différents ! 

Antonio Ponce
"Grenades"

Ce petit arbre pousse spontanément dans le sud du Caucase, en Iran, en Afghanistan, au Pakistan et sur le pourtour de la mer Caspienne. C'est dans cette vaste zone que se trouve son bassin de diversification.
Depuis les origines, on distingue plusieurs sortes de grenades. Pline l'Ancien en cite 5 :
Les douces, les âpres, les mitoyennes, les acides et les vineuses.

(c) Robert Papp
"Grenades"

Mille Grains, Mille Noms...

Malum Granatum ou pomme à graines... Le nom décrit bien le fruit du grenadier, son origine reste dans le terme anglo-saxon de la grenade "Pomegranate". En son temps, Pline parlait aussi de Malum Punicum, soit "pomme punique" référence à Carthage ou simplement Punica Arbor. Le naturaliste Suédois Carl Von Linné reprit ces termes pour baptiser la plante Punica de Carthage. La première mention en vieux français prit la forme de Pume Grenate, que l'on peut lire dans les écrits du poète Chrétien de Troyes en 1165. Le nom se simplifia en "grenate" vers 1314 par le chirurgien des rois Henri de Mondeville. Ces noms furent sans doute inspirés des parlers de l'Italie du Nord où le fuit est nommé Pum Grana dans le Piémont, Pom Granat en Lombardie. Punica Granatum est finalement une synthèse satisfaisante mais les plus poétiques et les plus parlantes sont les dénominations locales comme le miougrané ou le mille grains des Provençaux.

(c) Sarah Lamb
"Pomegranates"

Dès l'Antiquité, le jus de grenade fut utilisé en cuisine, pur, réduit en sirop ou en mélasse. Depuis le XVIIe siècle, tous les livres de cuisine donnent des recettes où l'on trouve cet "ingrédient de plaisir", ainsi qualifié. Aujourd'hui, son utilisation est largement répandue au Liban, au Maroc et jusqu'en Inde, dans les cuisines orientales et moyen-orientales.

Nikiforos Lytras
"Grenades"
Académisme

Les pépins de Grenades servaient d'offrande pour les déesses Perséphone et Cérès, elle était un  symbole de vitalité et de fertilité. Aphrodisiaque, on buvait le jus de grenade en compagnie de sa "moitié".

Dante Gabriel Rossetti
"Proserpine" (Perséphone)
1874
Tate Gallery - Londres
Préraphaélisme

Depuis l'Antiquité, toujours, la grenade est également aimée pour ses vertus médicinales. Dans les livres de médecine et de pharmacie, on la prescrit contre toutes sortes de maux et d'affections. De plus en plus médiatisé comme boisson de santé, le jus de grenade réapparaît pour sa réputation d'antioxydant. Il empêche également la graisse de se déposer dans les artères, il lutte contre l'hypertension, il est bénéfique pour les personnes souffrant de diabète, il réduit le risque d'athérosclérose et permettrait de retarder le développement des cellules cancéreuses.
Et si tout simplement, le jus de grenade était délicieux ?

(c) Louise Camille Fenne
"Perroquet et Grenades"
2007

John Singer Sargent
"Pomegranates"
1908
Réalisme - Impressionnisme

(c) Alberto Donaire
"La Petite Fille aux Grenades"

Grenade - Art Botanique