lundi 30 août 2010

FRAICHEUR DE L'EAU

Gustave Caillebotte "Yerres -Pluie sur le Canal"

J'ai envie d'un peu d'eau, envie d'un peu de pluie, envie de revoir le vivant flot des rivières couler. L'herbe jaunie et ternie par le redoutable soleil d'Août, je veux la revoir verte, fraiche, pimpante et pleine de rosée. Je veux revoir la mousse et les lichens sur les arbres, revoir les champignons pousser, sentir l'odeur de la terre mouillée... J'ai envie de changer de Saison...

Frits Thaulow "Rivière Française"


Frits Thaulow "Le Noisetier"
Gustave Caillebotte "Jour de Pluie à Paris"

samedi 28 août 2010

PIERRE GRANGER : DELIRES D'UN SURDOUE


"Le Cartographe" gravure de Pierre Granger

Pierre Granger, est un génial graveur sur cuivre dont la créativité exulte d'une richesse absolue. Ses rêves et ses délires cosmico-fantastiques entrainent l'oeil du spectateur vers de surprenantes galaxies. Je vous invite à regarder, découvrir, scruter, décortiquer ses oeuvres d'excellente qualité, au trait raffiné... Celles-ci fourmillent de détails minutieux à la manière d'un tableau de Brugel l'Ancien. Je suis entrée un jour dans l'atelier de cet artiste d'une grande simplicité et d'une gentillesse rare, cela sent bon l'encre près de la presse à bras... Tout un univers... Je me "régale" devant ses gravures, ses eaux-fortes et ses aquatintes. Car pour l'imaginaire, Pierre Granger est un fils spirituel de Dali, de Jérôme Bosh, de Jules Verne... Bref, il est un artiste fantastique.

Arbre planétaire ou racines d'un nouveau monde ? "Arts d'Automne 07" atrium du Conseil Général Aurillac (15)

Delft et Toile de Jouy à la manière de Pierre Granger

Ancien professeur d'Allemand, Pierre Granger est un habitué des galeries parisiennes et de celles de Vienne, la splendide capitale autrichienne.

Sphères planétaires tout droit sorties d'un film d'anticipation ou d'une BD...

Expo Eté 2006 de l'association aurillacoise Artnica à la Maison du Gardou à Tournemire (15)

J'aime particulièrement ces planètes fantastiques et cet extraordinaire vaisseau spatial de conquistadores imaginaires... Galère dont la presque délicate carcasse, particulièrement bien échaffaudée, évoque la Tour de Babel de Brugel l'Ancien... (On en revient curieusement à Brugel ! lol)

Expo "Arts d'Automne 2008" Atrium du Centre Pierre Mendès France à Aurillac (15)
Texte et photos : Nathanaëlle C.
Pour un éventuel "emprunt" merci de me le signaler ;)

mardi 24 août 2010

SAVEURS D'ETE ET COULEURS DU TEMPS

Gourmandises d'Eté...

Mon dessert d'abricots sucrés par le soleil...

Et un poème... L'envie de vous dire mes couleurs des mois de l'an...

LES COULEURS DU TEMPS

Les Mois de l’An dansent leur ballet de couleurs,
Musique des Saisons, des parfums, des saveurs…
Mais ces atmosphères, tendrement, j’en souris,
Mes impressions d’enfant perdurent aujourd’hui.
Janvier vit en blanc… Sucre glace et crème !
Du gui et un perce-neige pour emblèmes.
Dans la galette, on a glissé la fève
Et la frangipane s’enrobe de rêve…
Février… Cristal d’argent, gouttes irisées
Des crocus jaunes et blancs l’ont ensoleillé.
Pierrot fait sauter les crêpes pour Arlequin,
Et c’est Carnaval dans le cœur de Valentin !
Mars, bleu-vert, transparent comme l’eau, comme l’air,
Met en scène ses giboulées sur le lierre.
Le jaune esthète sublime les éclats
Des coucous, des jonquilles et des forsythias.
Avril… Sur un bleu lilas perle la fraîcheur…
Parmi les tulipes joue un poisson farceur !
La quintessence du Printemps s’offre aux yeux
Quand les œufs se cachent dans un jardin heureux.
Prunus et cerisiers en fleurs me ravissent.
Bonjour les muscaris ! Adieu les narcisses…
Mai, ruban rose sur clochettes de bonheur…
Les iris débutent leur gala enjôleur.
Les pivoines règnent au bord du gazon vert,
Premières fraises à la crème au dessert !
JuinRouge cerise sous l’impérial soleil.
A l’heure où les nymphéas se réveillent,
Voici que naissent les roses les plus belles
Aux pétales teintés de délicats pastels.
Au chocolat, le gâteau d’anniversaire !
Pas un mot sur la bougie supplémentaire…
Juillet : un cocktail d’abricot et de melon.
Feu d’artifice et ronde des papillons…
Les framboises et les groseilles me grisent
Cassis et citron vont en sorbet surprise.
Outremer d’Août sur un bateau en Armorique,
Caramels salés et embruns atlantiques…
Les bleus aquatiques se marient aux brugnons,
Des marées de prunes dans les gâteaux bretons…
Les pluies de Septembre mouillent l’ocre, le vert,
Près des noisetiers, une rose trémière,
Bercée par le vent, s’épanouit au jardin
Pour la rentrée sucrée des pommes et raisins.
Octobre vibre du curry à l’orangé,
Dame Nature, son rouge l’a pavoisé.
En ses feuilles paprika chante l’Automne
Sur la mousse que les champignons couronnent.
Villes, jardins resplendissent des lumières
De ces harmonies d’épices forestières.
Novembre mordoré, il finit dénudé,
Grillant ses châtaignes aux tons chocolatés.
J’écris des histoires quand cuisent les marrons,
Pour quatr’heures, une tarte au potiron !
Sur les forêts rousses planent des nues acier,
Le givre des frimas matinaux a brillé…
Décembre arbore le rouge, déploie l’or
De ces fruits sur le sapin que l’on décore.
Les flocons sont des comètes diamantines…
Dans la plus belle nuit les voix cristallines
S’élèvent vers l’Etoile des Bergers, là-haut.
Il fleure bon mandarines, chocolat chaud,
Feu dans l’âtre… Ô Hiver ! Douillettes odeurs !
Et la vie pétille en cent mille lueurs !

Nathanaëlle C. Texte protégé SGDL
Photos : Nathanaëlle C.

vendredi 13 août 2010

UN PETIT MOINEAU NOMME SANDRINE DUBOIS

"J'suis un moineau,
Moineau des villes,
Un p'tit moineau
Un peu fragile,
Rien qu'un moineau ébouriffé
Mais un moineau.... en liberté !"



Qui n'a pas entendu ce refrain lors du "Festival de Théatre de Rue d'Aurillac" en passant par la rue des Carmes ?
Sandrine, le Petit Moineau, nous appelle de sa voix limpide et lumineuse...
Je me souviens d'avoir fait sa connaissance en 2004... J'ai entendu cette voix au micro... Accompagnée par une bande son... Je me suis alors demandée qui pouvait chanter aussi bien. C'etait incroyable, cette pureté... Un tel timbre, aussi magique, magnifique... Bellissimo... Je me suis dirigée à l'oreille, à travers la foule et... J'ai vu ce petit bout de fille d'une présence scénique incroyable avec cette voix à travers laquelle transparaissait toute sa sensibilité artistique. Elle tenait son public en haleine, dans son coeur, dans sa main... Une véritable show-woman, qui, déterminée, ne restait pas la langue dans sa poche afin de nous délivrer en passant quelques messages remplis de bon sens, mêlant danse et mime pour accompagner ses titres qu'elle interpretait à la perfection.
Un jeune homme s'est approché de moi et m'a tendu un papier... J'ai lu : "Sandrine Dubois", suivait tout son parcours : son choix de chanter dans la rue après le Conservatoire, son travail avec Michel Fugain, Rhoda Scott, Yvan Rebroff et Jacques Higelin, ses chansons françaises, écrites sur mesure par Marie-Germaine Ferraris, ses concerts dans les salles partout en France... Le soutien de Jean-Marc Le Bihan. Je suis allée lui parler à la fin de son tour de chant, nous avons fait connaissance, elle a senti mon réel interêt pour son talent et... L'amitié est née tout de suite et continue depuis. Je suis retournée le soir pour l'entendre à nouveau, le public etait très nombreux et faisait masse autour d'elle, on entendait une mouche voler tant il etait captivé et tant cette gamine (naaaan pas si "gamine" que cela, elle a.. heu non je ne vous dirai pas son age ! Nan mais ! lol) vous captive par son immense talent et son profesionnalisme étonnant.
L'année suivante, je n'ai pas planché longtemps sur ma programmation de concert pour l'association aurillacoise Artnica, j'ai composé son numéro, avec sa gentillesse coutumière elle a accepté de venir, en compagnie de Sébastien Baylet, merveilleux interprète de Brel (mari de Sandrine à l'époque, celui qui m'avait tendu le papier !), sur la scène de la Salle des Fêtes de Saint Illide (15) lors de "Arts d'Automne 2005". Le public, ému aux larmes, a terminé par une ovation debout pour rendre hommage à leur talent.


Ce concert du 2 octobre 2005 organisé par Artnica à Saint-Illide dans le Cantal, je ne l'oublierai jamais... Ce fut un spectacle d'une qualité extraordinaire, ceux qui y ont assité s'en souviennent encore : ovation debout de la part du public pendant plusieurs minutes. On ne voulait pas les laisser partir !

Ecoutez son "Appel d'Air" :





Sandrine subjugue son auditoire... "Le Tango des Mobiles", "le P'tit Moineau", "J'suis pas Tendance", "Le Voisin du Dessous", "Nina des Favellas", "Pour un Regard" (ma préférée...) "Veuillez Payer !" "Il vient de neiger sur Arras" Toujours très engagée mais émanant douceur et humour, Sandrine est une soirée de gala en pleine rue...


Le célèbre poète Jean-Marc Le Bihan lui a offert la chanson : "La Vieille Djelabah"... Lorsque Sandrine interprête cette chanson-là... La rue des Carmes se voile, on a les larmes aux yeux.
3 CD sont sortis, le premier "Le Moineau" en 2002, le deuxième : "Dis.." en 2005, le troisième, intitulé "Bec et Ongles" a vu le jour en janvier 2010.
Le DVD "Là où le Vent me mène..." est en vente, cette vidéo suit Sandrine pendant un an sur divers festivals et concerts.



Le troisième album de Sandrine sorti au début 2010 s'intitule "Bec et...Ongles", il comprend 13 titres emprunts de douceur, de poésie, d'humour et d'engagement. Outre sa collaboration avec Marie-Germaine Ferraris, Sandrine a rencontré de nouveaux auteurs : Marie Tozzi-Setti et Thierry Ferdi. Tous les trois lui ont confié des textes inédits qu'elle a eu le plaisir de réunir sur un même album, ainsi que la chanson "Veuillez payer !" écrite par Lydie de Boran et une reprise d'un texte de Jean-Marc Le Bihan "La Vieille Djelabah" (ces deux titres sont déjà présents sur le DVD mais bénécient d'un tout nouvel arrangement musical). Pour toute souscription à ce CD afin de le recevoir chez vous et ainsi aider au financement de son enregistrement et de ses arrangements musicaux, contactez : le.moineaudubois@laposte.net

Site : http://www.sandrine-dubois.com/


photos : Nathanaëlle C. pour un "emprunt" merci de m'en avertir par commentaire.


Cliquer sur la photo pour lire l'article de Christine Lebas - La Montagne juillet 2006

mercredi 11 août 2010

PERLES DE PLUIE

Rien de plus rafraichissant, de tonique, d'heureux, qu'un jour de pluie en août : du bonheur vous tombe du ciel ! De plus, le jardin sent bon l'herbe fraiche, comme au printemps. J'ai choisi un de mes poèmes afin d'illustrer ce charme d'été.


PERLES DE PLUIE
Claires, fines, précieuses perles d’eau,
Cristallins et translucides joyaux
En suspens sur les feuilles veloutées
Ou sur quelque pétale satiné,
Splendeurs délicates, subtiles,
Dont l’orient lumineux rutile,
Diamants de fraîche Pluie venue du ciel,
Liquides sequins, limpides merveilles,
Je vois en vous tant d’éclat, de reflets…
J’imagine qu’une habile fée
Vous a lancés d’un geste gracile.
Royale Altesse juvénile,
Là-haut assise sur un nuage,
Plongeant sa main dans un coquillage
D’où jaillit une source enchantée,
La pureté des gouttes de rosée…
Mais suffit un rai de soleil perfide
Pour anéantir ces beautés fluides,
Pour, à regret, les voir s’évaporer...
Insensiblement alors, nous priver
De la Nature en aquarelle
Que l’on voudrait ainsi éternelle.

Nathanaëlle C. texte protégé SGDL



mardi 10 août 2010

EUGEN DE SUEDE : ARTISTE ET PRINCE

"Anémones"

Le prince Eugen Bernadotte était l'un des meilleurs paysagistes de son temps, ses oeuvres les plus connues, dont "Molnet" ("Le Nuage") et Det Gamla Slottet ("Le Vieux Château"), sont aujourd’hui le fleuron du Musée Waldemarsudde, ancienne résidence de l’artiste, sur l'Île de Djurgården à Stockholm. Eugen Bernadotte était également un grand collectionneur d’Art, ami et mécène de jeunes artistes dont il achetait les tableaux afin de les soutenir. Nombre d’oeuvres suédoises des plus remarquables de la fin du XIXe siècle et de la première moitié du XXe se retrouvent ainsi exposées à Waldemarsudde.

"Det Gamla Slottet" -le Vieux Chateau - 1893
photo : Lars Engelhardt-Musée Waldemarsudde

«Dans Kaput, Malaparte décrit le Prince Eugen arrière-petit-fils de Jean-Baptiste Bernadotte et de Désirée Clary, comme «celui qui ressemble le plus au maréchal », fondateur de la dynastie. Son profil tranchant, presque dur, fait un singulier contraste avec la douceur du regard, la délicate élégance de sa manière de parler, de sourire… Une façon de s'habiller qui révèle ses manières libres et insouciantes du Montmartre d'il y a cinquante ans… »
Ce portrait recèle bien la vérité du Prince Eugen, partagé entre son tempérament d'artiste et son éducation. Car Eugen de Suède voulut être peintre avant d'être Bernadotte. Et il le devint, malgré son milieu et les réticences familiales. Et un peintre à part entière, sensible, au talent lucide, une des figures dominantes du "Romantisme National", forme nordique du Symbolisme. Pour lui, le paysage était un état d'âme. Et l’artiste excella dans cette peinture d'atmosphère, celle de la nuit nordique, de la forêt suédoise, des lacs de Stockholm et de Södermanland. Comme la nature qu'il choyait tant, le "Prince Rouge" était un homme libre (si libre qu'il fut interdit par les nazis) et un coloriste subtil
». Inga Zachau historienne d’Art.

ouvrage de Inga Zachau - Editions Michel de Maule

Le Prince Eugen Napoléon Nicolaus de Suède, duc de Närke, naquit le 1er août 1865 au château de Drottningholm à Stokholm. Quatrième et plus jeune fils du duc et de la duchesse d'Östergötland, qui devinrent plus tard le roi Oscar II et la reine Sophia, Eugen montra un talent artistique précoce et reçut ainsi l'enseignement du dessin et de la peinture par plusieurs artistes. Plus tard, tout en poursuivant ses études à l'Université d'Uppsala, Eugène fut parallèlement l'élève du peintre Wilhelm Von Gegerfelt. Ses royaux parents concevaient la peinture comme divertissement et non pour être la principale occupation d’un prince héréditaire. Eugène obtint, malgré tout, leur consentement et entre 1887 et 1889, il s’investit dans des études artistiques supérieures à Paris. En 1889, de retour en Suède, il fut choisi comme Premier Membre Honoraire de l'Académie Royale des Beaux-Arts de Stockholm. L'année suivante, la tâche de l’achat des Arts de l’Académie du Conseil National lui fut confiée.

Prince Eugène "Molnet" ("Le Nuage")

Le Prince Eugen se consacrait à la scène artistique, mais en qualité de membre de la famille royale, il était tenu d’exercer ses fonctions représentatives en Suède et en Norvège - il fut prince norvégien jusqu'en 1905, date de la dissolution de l'Union entre la Suède et la Norvège.
Au cours de la décenie 1890, Eugène atteignit une réelle percée artistique. Le lyrisme romantique de ses oeuvres joua un rôle important dans le développement de la peinture de paysage en Suède. On constate une certaine douceur dans sa facture, ainsi qu'une sérénité et une sensibilité identitaires des pays du Nord mais également propre à une personalité paisible, (ceci n'engage que moi, mais je le ressens nettement en regardant ses toiles).

"Au Printemps "

À l'été 1891, dans sa propriété près de Balingsta Huddinge, il peignit «Au printemps», puis «Forêts» en 1892, et «Le Vieux Château». La même année, il visita pour la première fois Tyresö au sud de Stockholm et eut un coup de foudre : entre 1894 et 1909, la villa «Tyresö Castle» était née.

"Luisance de Fenêtres" (Ce tableau brille d'une luminosité subtile, l'exactitude de la lumière du couchant et du reflet du soleil sur les vitres me laissent admirative. On dirait qu'une lumière émane de chacune d'elles, c'est magnifique. J'avais traduit le titre du tableau par "brillance", mais la traduction littérale était "luisance", je suis revenue à ce terme de "luisance", finalement plus approprié).

Eugène fut inspiré par la beauté environnante de la nature, il y approfondit et développa sa peinture. «Le Nuage», «Luisance de Fenêtres», «l'Eté», «L'Eau Calme», «Après la Pluie» et «Nuit et Nuages» sont des œuvres créées à Tyresö.

"Nuit d'Eté "(Sommarnatt)

En 1900, le prince Eugène acquit les droits de propriété de Waldemarsudde, sur l'ïle de Kungliga Djurgarden au Centre de Stockholm où il s’essaya à l'aquarelle et au fusain. Puis vinrent ses représentations de bateaux à vapeur et d’usines, ces peintures témoignent de l'humeur de cette période délicate.

" Montagne Sainte-Victoire"
Le 21 janvier 1904, Eugène fut décoré Chevalier de l'Ordre du Lion Norvégien par son père, le roi Oscar II

"Nattmoln"

Après 15 étés de création à Tyresö, Eugène voulu connaitre d’autres horizons afin de parfaire un renouveau artistique, il opta pour les plaines de la province d'Östergötland. Ainsi, entre 1915 et 1916, l’artiste fit construire une résidence d'été à Örberga : Örgarden. Il trouva une nouvelle motivation dans ces grands espaces près du lac Mälaren qu’il immortalisa dans «Il pleut sur Omberg» et «Poursuite de Nuages ».


A partir de 1910, les toiles du prince Eugen témoignent de sa recherche et de sa volonté d'innover et d'explorer de nouveaux moyens d'expression. Il utilisa une palette plus hardie et plus fraiche et choisit la gouache pour «Carrières près d'Arles».


Vatican - Place Saint-Pierre

Au début du XXe siècle, le design l'inspira. Ses œuvres les plus célèbres restent le pot de porcelaine «Prince Eugen», il conçut également des objets en argent tels que le bol Rowan. (Les gènes artistiques de la famille Bernadotte se retrouveront plus tard chez son petit neveu, le prince Sigvard Bernadotte (1907-2002) célèbre graphiste industriel, designer, créateur d'élégants articles de vaisselle en argent, et chez le prince Carl-Philip, frère de la princesse héritière Victoria et fils de l'actuel roi Carl XVI Gustav)

" Upplyst Angbat "

Au fil des ans, les expositions de ses oeuvres s'enchainèrent. La plus complète rétrospective de son Art eu lieu à Liljevalchs en 1925, puis Oslo et Helsinki, expositions dont l’artiste s’impliqua très activement dans la préparation. Eugen exposait également en compagnie d'autres artistes, comme Hanna et Georg Pauli. Il organisa la première grande exposition d'Art Ernst Josephson en 1893.

Peinture murale de la Salle du Prince de l'Hotel de Ville de Stockholm photo : Musée Waddemarsudde

Grâce à ses 12 œuvres murales créées dans les écoles, hopitaux et églises, Eugèn vit une occasion de contribuer à rendre les Arts plus accessibles. Sa plus grande peinture se situe dans la Galerie du Prince au Stadshuset (Hôtel de Ville) de Stockholm, elle lui prit plus de 6 ans et mesure près de 40 mètres de long. Il peignit également le retable de l'église de Kiruna ainsi qu'au Théâtre Royal Dramatique de Stockholm. Le prince Eugène s’était engagé auprès de nombreux clubs et organisations culturelles. Ainsi, il fut président de l'Association du folklore suédois pendant près de 50 ans et s’activa pour l'éducation populaire depuis ses 35 ans.


Port de Kivirk

Au cours des années 1930, Eugen passa souvent ses étés à Österlen et à Skåne, ces séjours donnèrent lieu à une riche production artistique avec «Le Port de Kivik», «Dunes» ou «Ontario». Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le Prince Eugèn prit part à la politique engagée contre le nazisme, il était un homme libre, d’où son surnom de «Prince Rouge». Les tons pastels du tableau «Le Refuge», créé peu après le début de la guerre en Septembre 1939, reflètent l'état d'esprit qui prévalait chez lui. «Bush enneigé», l’un de ses nombreux petits formats inspirés par la guerre à Waldemarsudde en 1942, témoigne de la joie paisible de sa peinture.

Waddemarsudde

Le Prince Eugen mourut le 17 août 1947. Par son testament, il fit don de sa maison et de ses collections au gouvernement suédois. Dès l’été 1948, le "Prins-Eugen-Waldemarsudde" ouvrit ses portes aux visiteurs.


"Héraklès d'Eugène Bourdelle"

Le Prince Eugen fut collectionneur pendant 60 ans de sa vie. Ses premiers achats eurent lieu en 1887, les derniers en 1947, l'année de sa mort. Sa collection rassemble plusieurs tableaux des plus grands artistes suédois et ceux de célèbres artistes étrangers.
Le Prince Eugen était une des grandes personnalités culturelles de son temps et un farouche partisan de la culture. Ses meilleurs amis furent Carl Larsson, Richard Bergh, Anders Zorn, Albert Edelfelt et Peder Severin Kroyer.

Source : Inga Zachau, historienne d'art au Waldemarsudde (en partie) - informations traduites du suédois.
Photos des oeuvres : http://www.waldemarsudde.se/index.htm sauf pour" le Nuage" et le portrait d'Anders Zorn.


"Portrait du Prins Eugen" peint par Anders Zorn

jeudi 5 août 2010

EUGENE BOUDIN : ENTRE CIEL ET MER...

Eugène Louis Boudin : "Femme à l'Ombrelle"

Tout comme Watteau demeure à jamais le peintre des fêtes galantes, ou Degas celui des ballerines et des demoiselles d’Opéra, Eugène Boudin, précurseur de l’Impressionnisme, restera le peintre des plages et des ciels, des lumières scintillantes sur l’eau.

"Crinolines sur la Plage"

L’homme arborait le teint coloré de ceux qui vivent à l’air du large. Pourtant, ce n’était pas le matériel du marin pêcheur qu’il transportait mais celui de l’artiste peintre. Il marchait d’un pas vif, presque conquérant, ce qui surprenait fort dans ce pays où on le savait discret, voire effacé. Depuis quelques heures, le « petit Eugène » était devenu « Monsieur Boudin ». Un homme heureux grâce à une phrase décisive de Gustave Courbet. Oui ! Le grand Courbet enthousiasmé devant les oeuvres d’Eugène Boudin : « Si je l’en croyais, je me regarderais certainement comme l’un des talents de notre époque ! » souriait Boudin derrière sa barbe. L’avenir donna raison à Gustave Courbet...

"Le Port de Honfleur"

L’artiste avançait le long de la mer, à la recherche du point de vue à croquer. Les souvenirs d’enfance remontaient : Fils de pêcheur, il était né le 12 juillet 1824, ici, à Honfleur, où il avait grandi avant de gagner le Havre. Le Havre où, dès ses 12 ans il avait travaillé chez l’imprimeur Joseph Morlent puis chez Alphonse Lemasle, pour finalement devenir un modeste papetier à son compte. Quelle toquade l’avait poussé en 1844, à l’âge de 24 ans, à abandonner sa boutique et sa relative sécurité matérielle ? Peut-être ces artistes, gloires locales ou parisiennes, comme Isabey ou Millet, qui se fournissaient chez lui en papier d’aquarelle. Ils recherchaient des sujets de paysages et de marines. Boudin aussi dessinait…

"Marée Basse à Saint-Vaast la Hougue"

Puis un jour, sans formation académique, sans relations mondaines, il décida de devenir peintre. Ce n’était pas un caprice, mais une vocation. Cela signifiait, il le savait, des années de vaches maigres. Années pendant lesquelles Boudin survit grâce à des commandes de copies, de bouquets de fleurs et autres «tableaux de salle à manger». Puis, grâce à une bourse octroyée par la municipalité du Havre, qui lui permit de « monter à Paris » pour étudier, il fréquenta les musées et commença à fréquenter des artistes. Encouragé par Thomas Couture et employé par son compatriote Troyon dont il réalisait les fonds de ses tableaux, Boudin apprenait, Boudin se formait. Puis découragé et désargenté il revint au pays, sans gloire ni fortune. Il avait 35 ans. Tout allait changer grâce à un poète, à une duchesse et…au chemin de fer !


"Le Port de Honfleur"
Le poète était Baudelaire. En 1859, il remarqua Eugène Boudin, lors de sa première exposition au Salon de Paris, le tableau s’appelait : « Un pardon à Saint Anne la Palud.». Baudelaire écrivit, on le lut. Boudin sortit alors de l’ombre. Bientôt Courbet s’émerveilla à son tour. Et Boudin s’épanouit. Il allait oser. Enfin ! En inventant la scène de plage, il allait réussir au-delà de ses espérances. Lancée par la duchesse de Berry en 1824, la pratique des bains de mer serait restée encore longtemps une mode sans le chemin de fer. En 1860, celui-ci arrivait à Trouville pour y déverser des wagons entiers de Parisiens en quête d’air marin. Sur les plages jusqu’alors désertes, on vit germer des multitudes de cabines, fleurir des crinolines et s’épanouir les ombrelles. Le spectacle était irrésistible et conquit Boudin, quelque peu amusé. Désormais, sous ses immenses ciels bleus ou gris, on voyait à la frontière du sable et de l’eau une horizontale multicolore : des personnages semblaient vibrer dans une brises frisquette ou un brouillard de chaleur, animés par un pinceau vif. Les amateurs apprécièrent, les confrères également. En 1874 il participa à la première exposition impressionniste chez Nadar, puis dans les locaux du marchand d‘Art Durand Ruel. À partir de cette date, il fut considéré comme l’un des précurseurs du mouvement impressionniste, bien qu'il ne se considérât jamais lui-même comme un grand innovateur.

"Sur la Plage de Dieppe"


Pourtant la réussite fut lente. Il fallu encore une bonne vingtaine d’années avant que Boudin ne soit enfin un peintre reconnu, avec commandes de l’Etat et Légion d’Honneur. Ses cadets lui rendirent bientôt hommage, dont un certain Claude Monet qu’il avait mit, tout gamin, sur la voie de l’impressionnisme en le forçant à travailler sur le motif. «Je ferai d’autres choses, mais toujours je peindrai des plages» s’était juré Boudin. Il tint parole, les «autres choses» furent le plus souvent d’autres bords de mer qu’il saisit de la Hollande jusqu’à Venise. Mais ce sont aussi, en Normandie, des paysages aux grasses frondaisons, des pâtures aux troupeaux indolents, des scènes de marchés aux opulentes devantures. Boudin peignait de plus en plus par touches et par tâches, fasciné par cette étonnante et extraordinaire lumière si rapidement changeante.

"Cabines de Bain à Deauville"

Exacerbée par la vie citadine, sa soif de lumière devenait toujours plus grande. Le peintre qu’il était devenu, avec ses collectionneurs, ses amateurs et ses marchands, se devait de vivre à Paris. Il céda à cette obligation mais, dès le printemps, avec quelle hâte revenait-il sur les lieux de sa jeunesse ! Quand en 1898, à Paris, il se sentit défaillir, il demanda à se faire transporter sur sa plage de Trouville, il décéda le 8 août au matin dans sa villa Breloque, au 8 rue Oliffe, et fut enterré au cimetière Montmartre à Paris.

" L'Impératrice Eugénie sur la Plage de Trouville"

"A l'Approche de l'Orage"

"Bateaux dans le Port de Camaret"

"Les Lavandières de Touques"

"Plage de Trouville scène 14"
La lumière devient de plus en plus transparente, translucide, scintillante, délicate, merveilleuse...

"La Gondole - Venise"