jeudi 25 octobre 2012

L'EXTRAORDINAIRE DEMEURE DE JEAN BALDEYROUX


Photo (c) Nathanaëlle C.
Demeure de Jean Baldeyroux
Il existe dans les rues du centre-ville historique d'Aurillac, de nombreux anciens hôtels particuliers, j'irai même jusqu'à dire qu'il en est superbement "truffé" pour le plus grand plaisir des amoureux du patrimoine, et la beauté de cette ville. Mais pour l'Hôtel Baldeyroux, (prononcer "Baldérou") le propriétaire avait un peu "triché", voici la preuve visible par le passant :

Photo : (c) Nathanaëlle C.
Ceci dit, la dite "triche" est tout de même très réussie et agréable à l'oeil, on ne vous en veut pas du tout Monsieur Baldeyroux ! Bien au contraire, je fustige toujours les constructions dites "contemporaines" de mauvais goût, car le contemporain n'exclut pas pour autant l'esthétisme et l'élégance. 

Photo (c) Nathanaëlle C.

Cette demeure se trouve dans la rue des Frères, près de la rue Baldeyroux, où se situe la maison natale de Jean Baldeyroux et ainsi nommée en l'honneur de ce bienfaiteur de la ville. L'orthographe exacte du patronyme de Jean dit Félix Baldeyroux est "Baldairoux" ainsi qu'il est précisé dans le registre d'Etat Civil de 1817.
 
 
Photo (c) Nathanaëlle C.
Porte d'entrée

Fils de Guillaume Baldairoux, tanneur de son état, et de son épouse née Thérèse Gamet, Jean Baldeyroux naquit le 26 novembre 1817 au 33 rue Saint-Marcel, (aujourd'hui rue Baldeyroux, ainsi précisé plus haut dans le texte). A l'age de 17 ans, il partit sur les routes de France, vers la capitale, où il devint "Auvergnat de Paris", (à partir de la fin du 18ème siècle, des centaines de milliers d'Auvergnats "montèrent" à Paris, et créèrent l'association des "Auvergnats de Paris"). L'entraide fut efficace, Jean Baldeyroux put s'installer au 61 rue de l'Arcade dans le 8e arrondissement près de la rue de Rome,  (emplacement actuel de La Cigogne), afin d'ouvrir un magasin de "curiosités". L'homme eut le bonheur de faire fortune grâce à ses "curiosités" (au XIXe siècle, on désignait sous ce nom, des petits objets d'Art venus des quatre coins du monde, de la quincaillerie fine jusqu'à la bijouterie de choix etc... source info : Musée Carnavalet).
 
 
Photo (c) Nathanaëlle C.
Détail du toit

Très attaché à sa ville natale, Jean Baldeyroux, après avoir épousée Lucie Dartiguelouve,  revint souvent en Auvergne et fit reconstruire cette maison au 6 rue des Frères.  Des vestiges achetés au Domaine de la Condamine, (route de Vic), cheminées, portes et fenêtres des XVe et XVIe siècles, furent utilisés pour ce bâtiment. L'illusion est parfaite pour le néophyte. Ce qui en fait, à mes yeux, une demeure extraordinaire... Comme le "Jardin Extraordinaire" de Charles Trenet ! Il suffisait pour cela d'un peu d'imagination...

Photo (c) Nathanaëlle C.
Détail de la dentelle du toit
Ancienne balustrade du Domaine de la Condamine

Républicain convaincu, Jean Baldeyroux souhaitait qu'après son décès cette maison devint une école laïque pour les enfants de 3 à 7 ans. Il y rendit l'âme le 12 septembre 1888. Son testament stipulait que la demeure soit offerte à la ville d'Aurillac bien que sa soeur Marie Baldairoux-Magis en eut la jouissance. Il offrit également des objets de collection visibles au Musée d'Art et d'archéologie. Mais la plus grande partie de ses biens, (argenterie,  porcelaines, tableaux, tapisseries...) furent vendus par la ville à l'Hôtel Drouot et à des antiquaires. Grâce aux 100 000 francs récoltés, la ville d'Aurillac put faire restaurer les écoles primaires Jean-Baptiste Rames et Belbex. Le souhait de Jean Baldeyroux fut donc à moitié exaucé car une école ne pouvait s'installer en ces murs du 6 rue des Frères. La maison fut vendue elle aussi en 1896, car même le projet d'un Musée de l'Education ne vit pas le jour. 


Rue des Frères à Aurillac Photo (c) Nathanaëlle C.
On reconnait la demeure de Jean Baldeyroux, 2e maison sur la droite

Au Moyen-Age, la rue des Frères (à cette époque nommée "Carrièra des Fraires-Minor")  était le fief des tanneurs qui, au XVIIe siècle, déménagèrent hors les murs (aujourd'hui à l'emplacement de la rue des Tanneurs) en raison de la pollution offactive occasionnée par le tannage des peaux.
En 1762, entre les petites échoppes, la chapelle Notre-Dame de Bon-Secours fut construite à la demande de la population, avec les pierres de la Porte des Fargues (ancienne porte des remparts) puis achetée par l'aubergiste Visseq, elle fut hélas démolie sous la Terreur.


Photo(c)  Nathanaëlle C.
Demeure de Jean Baldeyroux
à gauche de la façade à colombages

 

vendredi 12 octobre 2012

LA MODE FEMININE VUE DANS LA PEINTURE DU XIXe



 Marie-Denise Villers
"Jeune Femme au Dessin"
1801 Mode 1er Empire
En référence à la superbe exposition du Musée d'Orsay "L'Impressionnisme et la Mode" (clic), voici un petit tour, pas uniquement impressionniste, à travers la mode du XIXe siècle (et du XXe), qui vit naitre la Haute Couture...
 

Gravure du XIXe siècle - Directoire : Merveilleuses et Incroyable



On trouve, à la Collection Maciet, trésor de la Bibliothèque du Musée des Arts Décoratifs de Paris, (où j'ai passé des journées très enrichissantes lors de mes études de dessin et même après, ce qui, en toute modestie, m'a énormément appris sur l'Histoire de la Mode et du Costume et me sert encore aujourd'hui dans mon travail. Inutile de vous dire que dès la fermeture du Musée, je quittais les grandes tables de bois et filais boire un chocolat chaud en face, chez Angelina, même si je devais patienter pour avoir une table, mais ceci est une autre histoire... lol) des documents attestant de l'existence des premiers magazines de mode féminins dès le 1er Empire. Car auparavant, c'est le terme de "Costume" qui convient d'employer. A partir de cette époque nait "la Mode". Je promets de faire "court"et simple, car le sujet est aussi étendu qu'un rouleau de tissu lol Voire deux rouleaux de tissu... re-lol

 

Henri Nicolas Van Gorp (1756-1819)
"Femme à la Lorgnette"
Vers 1795
Mode de la Convention
Musée des Beaux-Arts de Rouen

Un peu d'Histoire pour mieux comprendre la Mode :
 
La Révolution passée, la Convention (1792-1795 - Première République qui décida de la chute de la monarchie et vit le régime de la Terreur s'installer de 1793 à 1794) cèda la place au Directoire (1795-1799), puis au Consulat (issu du coup d'état du 18 Brumaire par Napoléon Bonaparte : novembre 1799-mai 1804), et dès le 1er Empire (1804-1815) la Bourgeoisie prend les rênes de l'habit. Car le XIXe siècle voit, en matière de mode, ses débuts dès le Directoire avec l'ascendance, et plus tard, la réussite de la bourgeoisie jusqu'à la fin de la IIIe République (1870-1940)... C'est elle qui va imposer le style des vêtements.
  
Jacques Louis David "Madame de Verninac"
1799 (Directoire)

Sous le 1er Empire (1804-1815), les tailles étaient hautes, sous la poitrine, les hanches peu marquées et les décoletés carrés et plongeants. La mode gardait en mémoire le style des Merveilleuses du Directoire, inspiré par l'Antiquité gréco-romaine. Merveilleuses, que l'on appelait "Méveilleuses", car sous le Directoire, on ne prononçait pas les "R", histoire de mode lol...

Francois Henri Mulard (1769 – 1850)
 "Portrait de Femme" 1810 (1er Empire)
Les robes de mousseline à l'éclat de neige restaient dans la tendance depuis le Directoire, avec le châle aux motifs Cachemire rapporté par Napoléon Bonaparte de sa campagne d'Egypte et dont la mode s'était emparé afin de réchauffer les élégantes en robes de gaze. Les gants demeuraient démesurément longs afin de faire parfois office de manches.



Robert Lefèvre
"Impératrice Joséphine en robe de Cour à Chérusques"
Vers 1805 - Empire
Chérusques :
Collerettes de dentelles sur les manches et le décolleté

François Pascal Simon Gérard
"Comtesse Waleska" 1811
1er Empire

Le Premier Empire conforta ces diktats vestimentaires, jusqu'à la Restauration de 1815. On portait toujours de la mousseline, de la gaze et de la percale, tissus transparents et si fins que les élégantes contractaient bronchites et pneumonies. On disait alors qu'elles "se mouraient de langueur". Or, il n'y avait rien de romantique à cette langueur-là, car la pénicilline et les antibiotiques n'existant pas encore, la "langueur" les emportait, hélas... Les châles de cachemire n'y pouvant pas grand chose... Par contre, à la Cour, Napoléon 1er exigea que les robes fussent en soie afin de relancer la production des canuts de Lyon.



Guillaume - Joseph Roques
"Visite de la Duchesse d'Angoulème
aux Hôpitaux de Toulouse"
2 Septembre 1815  -
Mode Restauration Louis XVIII

La Duchesse d'Angoulème,
nièce de Louis XVIII
et belle-fille du futur Charles X,
était aussi Madame Royale, fille de Louis XVI
et de Marie-Antoinette,
seule survivante de la Prison du Temple
 
Dès 1815, sous Louis XVIII, puis les Cent-Jours de Napoléon, et à nouveau sous Louis XVIII, la taille descendit légèrement et commença à se marquer. Les manches gonflèrent, les jupes s'évasèrent et les ourlets raccourcirent légèrement... Dans les hôtels particuliers du Faubourg Saint-Germain, on rêvait de soirées, de concerts et de  bals.




Robe 1824 - Epoque Charles X
Robe Couleur Puce
Un grand mouvement s'opérait dans le commerce de la mode : dans Paris, quatre tailleurs pour dames se faisaient un nom auprès de la clientèle bourgeoise. Treize modistes rivalisaient dans la créations de chapeaux de paille d'Italie, de capotes de soie ou de percale, de casques de velours à panaches, de turbans de velours, de toques à la Polonaise,  ou de casquettes à l'Autrichienne. On se disputait trois couturières de lingerie et corsets, huit excellents cordonniers chaussaient exclusivement les femmes. Sept remarquables fleuristes vendaient roses et lilas blancs assortis aux harmonies immaculées des robes à "l'indolente" ou "à l'anglaise"...

Jean Auguste Dominique Ingres
"Madame Marcotte de Sainte-Marie,
née Suzanne Clarisse de Salvaing de Boissieu"
1826
Mode Restauration Charles X
Robe Couleur Puce

Sous Charles X, (1824-1830) la tendance s'accentua... La taille descendit encore, l'ourlet de la jupe monta au dessus des pieds... Les décolletés remontèrent, on ne se découvrit plus le jour, (était-ce une sage décision des  Merveilleuses repenties, qui ne souhaitaient plus devenir bronchiteuses par un courant d'air malvenu ? lol )
 

François-Joseph Kinsoen
Portrait de Marie J. Lafont-Porcher 1835
Groeninge Museum Bruges
Mode Louis-Philppe
La Mode Romantique...
 
Candice Blaize
"George Sand en 1830"
Musée Carnavalet
Notice
 Sous Louis-Philippe (Monarchie de Juillet 1830-1848), et surtout entre 1830 et 1835 les manches dites "en oreilles d'éléphant"  élargissaient les proportions du buste féminin. Comme un antagonisme aux silhouettes élancées du Premier Empire.

Le canezou, courte veste style spencer de l'Empire, se plissa, bouillonna ou se laissa broder. Les corsets abandonnés au Directoire resserrèrent les tailles. On se chaussait de cothurnes, (encore des références antiques) souliers de tissu ou de cuir très souple et fin, sans talon et à lacets. Les mains gantées de mitaines tenaient un réticule, élégant fourre-tout de tissu chic, ancêtre du sac à main. On portait des chapeaux, nommés capotes, aussi large que hauts, couvre-chef de la Merveilleuse, revu et corrigé, car la pompe impériale depuis la Restauration de Louis XVIII laissait la place à un bon ton plus absolu.

Friedrich von Amerling
"Julie Grafin von Woyna"
1832
Mode Louis-Philippe

Auguste Hyacinthe Debay
"Portrait de Madame Crucy"
Soeur de l'artiste
Vers 1832 - Mode Louis Philippe
Robe Couleur Puce
Ce fut en 1843, sous Louis-Philippe, que "Le Moniteur de la Mode" fit son apparition. Il fut l'un des magazines féminins à arborer les robes en soie, les tissus nobles, et la mode de la couleur "puce", un brun-rouge cramoisi, très caractéristique de cette époque. Le Journal des Dames et des Modes l'avait précédé dès 1800.
Pour la mode capillaire, peu à peu les frisotis fous du début des années 1830 s'assagirent...

Pyotor Vasilievich Basin 
"Femme de l'Artiste" 1837

Franz Xaver Winterhalter
"Louise d'Orléans Reine des Belges"
1841
Mode Louis Philippe

Dès le début des années 1840, les manches perdirent leur ampleur démesurée, et la longeur des robes rebalaya le sol. Les macarons et chignons haut perchés descendirent jusqu'à la naissance des épaules pour se boucler  en "anglaises".


Franz Xaver Winterhalter
Marie Caroline de Bourbon, Princesse des Deux-Siciles,
Duchesse d'Aumale, belle fille de Louis-Philippe
1846
Musée de Versailles
Document Wikimedia.org

Sous la IIe République (1848-1852), le Second Empire (1852-1871 - le président est devenu empereur par un coup d'état, c'est décidément une manie chez les Bonaparte ! lol) et la IIIe République (1870-1940), on va à l’Opéra, au théâtre, au café, au cabaret... La mode est un tourbillon...

"Dans la bonne société, les femmes élégantes se piquent d’avoir un salon et revêtent jusqu’à six toilettes différentes par jour, du déshabillé du matin jusqu’à la robe de gala, en passant par toute la gamme des robes d’intérieur et des robes de soirée..."(Musée d'Orsay)

 
Jean Auguste Dominique Ingres
"Baronne James de Rothchild"
1848
Mode Fin Louis Philipe - Début IIe République

Tout le monde avait besoin de fantaisie après la pudibonderie et la monotonie Louis-Philipparde. Le souvenir de la Révolution de 1848 s'éloignait, on aspirait au luxe et au plaisir de la "Fête Impériale" qui allait durer 15 ans, où la toilette devint Art. Si les hommes portaient des teintes sombres, leurs épouses étaient les "enseignes colorées" de la situation sociale de leurs maris.
Les volants apparaissaient sur les robes, les jupes s'évasaient, les chignons descendaient sur la nuque... La silhouette 1860 se profilait...


Jean Auguste Dominique Ingres
"Princesse Albert de Broglie"
1853
Mode début Second Empire


Charles Louis Baugniet
"La Couturière" vers 1860
Mode Second Empire

Naissance de la Haute- Couture
 C'est sous le Second Empire que la Haute Couture vit le jour, au 7 rue de la Paix à Paris...
Nous la devons à un couturier anglais et à une impératrice...


Franz Xaver Winterhalter
"Impératrice Eugénie 
dans une Robe de Cour de Fréderic Worth"
1862
Second Empire

Le couturier s'appelait Charles Fredérik Worth et l'impératrice, la belle Eugénie de Montijo, épouse de Napoléon III.

La princesse Pauline de Metternich présenta le couturier à l'impératrice, le coup de foudre amical et professionnel fut immédiat et le succès se propagea à la cour... Aidé par l'influence de l'impératrice, Worth habilla non seulement les Parisiennes fortunées, mais devint le couturier exclusif de l'impératrice d'Autriche, (la belle Sissi), de la tsarine Alexandra Feodorovna de Russie, de la reine Victoria et plus tard, de la reine Margherita d'Italie. 

Charles Frédérik Worth (qui francisa l'orthographe de son prénom en "Frédéric") fut le premier à dessiner ses modèles et à les créer selon les saisons : les collections Automne-Hiver et Printemps-été étaient nées ! Les premiers défilés de mode, mis en scènes dans de vastes salons, voyaient déjà des mannequins vivants nommés "sosies" porter les collections. Plus tard, il remplaça la crinoline par la tournure et accepta les copies de ses modèles par les Grands Magasins. Worth, qui avait débuté comme commis chez Gagelin, amena la Haute-Couture au rang d'industrie de luxe. La confection de luxe sera elle aussi créee par la Maison Worth, reprise plus tard par les fils du fondateur, et le futur couturier Paul Poiret y débutera... Une succursale ouverte à Londres fit le bonheur des dames Anglaises. La Maison Worth fût rachetée en 1954 par la Maison Paquin et s'éteignit avec celle-ci en 1956, mais le nom de Worth reste mythique. Seule l'influence que Christian Dior avait sur la mode et sur son temps peut être comparée à celle, extraordinaire, de Worth.

 

Franz Xaver Winterhalter
Princesse Trubetskaya
1859
Mode Second Empire Français 
 
La Fête Impériale

On se guindait aux bals des Tuileries, on venait s'encanailler au Bal Mabille... La crinoline ressuscitait la robe d'apparat ! Bon d'accord, me direz vous, c'est un jupon de cerceaux semblable à une cage pour gros oiseau lol, (les cerceaux étaient reliés entre eux par des rubans verticaux) le buste de la femme est toujours enserré dans un corset, plus flexible et sans goussets, ouiiiii mais... Attendez : la silhouette s'affine et se compare à celle d'un cygne.... La taille se resserre, la jaquette à basques (basquine) ajuste le corps, la jupe devient une montgolfière mais c'est magnifique !

Le chapeau se fait petit, la manche s'élargit en bas et se tandis que l'épaule tombe. Et le châle de cachemire a encore de beaux jours devant lui car il rallonge et couvre la silhouette. Les usines de Lyon et d'Angleterre tournent à plein régime pour le fabriquer... A partir de 1868, l'évolution du costume de type Européen fut analogue dans l'Ancien et le Nouveau Monde.






Franz Xaver Winterhalter
"Comtesse Alexandre Nikolaevitch Lamsdorff
née Maria Ivanovna Beck"
1859
Mode Second Empire
Robe aux ruchés violets, crinoline ronde


Les robes de jour étaient sérrées au cou, les manches se portaient longues. Il existait les crinolines rondes (robes à volants) et les crinolines projetées (plates devant, larges vers l'arrière), qui elles, soutenaient une ampleur de 10m de tissu pour 6 mètres sur la ronde.


Franz Xaver Winterhalter
"Impératrice Elisabeth d'Autriche" (dite Sissi)
1865
Palais de la Hofbourg, Vienne
Mode Second Empire Français
Crinoline projettée
Les robes du soir bénéficiaient de l'empoi nouveau des colorants artificiels pour le tissu, ce qui leur donnaient l'aspect moiré. Les robes de bal, décolletées et sans manches, étaient surchargées de passementeries, de franges, de dentelles, de ruchés, de perles et de paillettes, mais gardaient le bon goût d'une harmonie dans les teintes et leurs dégradés. Le soir, la "parure de tête" (fleurs, peignes ou rubans)  remplaçait le chapeau obligatoire le jour.

Franz Xaver Winterhalter
"Alexandra de Danemark, Princesse de Galles"
Epouse du futur Edouard VII
1864
Mode Second Empire Français
Document fichier Wikipedia


Aucune robe n'était d'une seule pièce. Les robes étaient "à transformation". On pouvait porter la même jupe avec deux hauts différents du même tissu. (Sans oublier le port du caleçon ou du pantalon en sous-vêtement !). L'éventail, l'ombrelle (au manche inclinable ou non) et le flacon de sels étaient indispensables de la toilette de ces dames. (Les sels, car les tailles trop sérrées ne pardonnaient pas !).



Fredéric Bazille "Réunion de Famille"
1867
Musée d'Orsay
Les Grands Magasins
Cette période effervescente vit la naissance des Grands Magasins à l'initiative d'Aristide Boucicaut (créateur du premier commerce de ce type), suivi par le Bon Marché, La Samaritaine, le Louvre... Où l'on vendait des vêtements déjà fabriqués dont les prix étaient affichés, (l'usage des patrons de couture remplaçait le "sur mesure"). On y trouvait tout, y compris la nourriture, les salons de thé, de lecture, et les premiers catalogues de vente furent lancés ainsi que la publicité promotionnelle dans les journeaux !

Charles Louis Baugniet "La Lettre"
Vers 1870
Fin Second Empire - Début IIIe République
 

Raimundo de Madrazo y Garreta
"Le Modèle Malicieux"
Vers 1875
 
Pierre Auguste Renoir "La Parisienne" 1874
National Muséeum of Walles - Cardiff

Petit à petit, à partir de 1867, la crinoline perdit de sa superbe, et grâce à Worth, on portait la tournure (ou "faux-cul"), c'est toujours une cage, mais à l'arrière de la silhouette. On y accrochait des pans de tissus, des volants... La jupe etait accompagnée d'une seconde "en tablier" qui remontait vers l'arrière. Tandis que les manches regonflaient légèrement en haut de l'épaule...  Au fil des ans, la robe à tournure subit des modifications. Volumineuse à son apparition, puis surchargée dans les années 1880, elle disparu vers 1895.


James Tissot "Bal sur le Pont" 1874 (Détail)
Robe à Tournure
 
Henri Gervex "Valtesse de la Bigne"
1879
La tournure s'estompe...

De 1885 à 1900, avant même que le "pouf" ait perdu de son volume, la jupe à plis verticaux commença à concurencer la jupe drapée, le "costume-tailleur", dit ensuite "tailleur",  comportait une jaquette très ajustée, à petite basque, formant derrière un "postillon" et une double jupe dont celle de dessus était modérément relevée, une amazone sans garnitures de galons, on se demande si ce chic n'était pas venu d'Angleterre...


Jan Van Beers
1881
Moritz Stifter
"La nouvelle Robe"
1889

A partir de 1891, la silhouette se transforma totalement, si l'habitude de soutenir la jupe à la taille par un strapontin (coussin) demeurait, les robes se simplifiaient nettement et l'ampleur abandonna la jupe pour les manches... Appelée "gigot" puis "ballon", elles étaient souvent d'un coloris différent de ceux de la robe, comme les "crevés" de la Renaissance.


Vittorio Matteo Corcos
"Rêve"
1896
Galerie Nationale d'Art Moderne - Rome
Ramon Casas Y Carbo
"La Parisienne 1900"
Harrington Mann
"Portrait d'Isabella Nairn" 1901

Julius LeBlanc Stewart
Elégante au Sofa
Vers 1900
La silhouette 1900 s'assouplit et s'allège, mais la taille se serre jusqu'à l'excès parfois (déformation des côtes flottantes). Les traines disparaissent, les cols montent, la jupe moule les hanches et s'évase en bas. Le tailleur est adopté pour la ville et l'on porte toujours le petit chapeau avec voilette, ou pas, sur un chignon en brioche. L'Art Nouveau se retrouve dans la Mode 1900...

Henri Gervex
"Cinq Heures chez Paquin"
1906
Mais tout ceci ne serait pas complet, à mon humble avis, si nous ne débordions pas vers le XXe siècle, celui d'un incroyable changement (et heureux en matière de mode féminine) ... Alors débordons... lol



Jean Béraud "Le Trottin" 1905
Document wikigallery.org
Le tailleur entre dans les moeurs...
Après avoir été dessinateur chez Doucet en 1898, puis chez Worth de 1901 à 1903, le couturier Paul Poiret ouvrit sa Maison de Couture en septembre 1903, 19 autres célèbres maisons existaient déjà, il se demarquera par son style : l'Art Déco, et l'orientalisme du turban. Turban qui devint l'emblème de ses collections.

1910 : les ourlets commencent à raccourcir... Le tailleur est résolument la mode chic.  Madeleine Vionnet coupe le tissu dans le biais afin de bénéficier de ce que l'on nomme aujourd'hui du  coté "strech" qui confère plus de souplesse au vêtement.

Jean Béraud "Les Midinettes" 1911
 
 Vers 1912, un style typiquement français se crée tout doucement mais ne verra jamais son apogée à cause de la Grande Guerre... Inspiré par l'Art Japonais, les tenues se caractérisaient par de grandes manches, à l'instar des kimonos, par les pompons, les bérets à franges, les tissus soyeux et précieux...
 
1913 Journal des Dames et des Modes
artophile.com
La Première Guerre Mondiale (1914-18) arrive, met donc en l'air ce mouvement naissant, et bouscule tous les codes. Les femmes remplacent les hommes au labeur et gagnent l'indépendance de leur tenue en même temps qu'une certaine émancipation... Le bond en avant ne sera pas refait en arrière : les jupes raccourcissent pour de bon, prélude aux Années Folles (1919-1929) et à l'Âge d'Or des couturiers...


William Clarke Wontner
"Beauté en Toilette de Style Oriental"
Vers 1914
 Dès les années 20, la taille descend sur les hanches... La femme montre ses jambes et fait l'éloge de la minceur. Coco Chanel donne le coup d'envoi à la mode d'aujourd'hui, (si, si, vous allez voir pourquoi) : elle avait déjà coupé ce qui restait de plumes, de cerises, de nids d'oiseaux en tissu et de rubans aux chapeaux, pour instaurer le canotier. Elle libèra le corps du corset ! (enfin !) Oui, on parle de Paul Poiret en 1906, mais aux dires de Mademoiselle Chanel, ce couturier, qui surveillait un peu ce qu'elle faisait, la devança officiellement. Elle porta les pantalons de golf de son boy-friend, ses pulls de tennis, et coupa ses cheveux : la silhouette de la femme moderne était née ! Les mots d'ordre étaient "confort et modernité", Voici la Garçonne avec ses longs sautoirs de perles...

(c) Karl Lagerfeld
"Portrait imaginaire de Coco Chanel
dans sa robe Ford de 1926"
A partir de 1925, les robes n'ont jamais été aussi courtes, le Charleston necessitait de l'aisance pour le danser. Les robes étincelaient de perles dorées, comme un écho à la fée électricité, sous laquelle on brillait le soir...

Jean Daniel Dommergue
"La Garçonne"
Vers 1925
 

Tamara de Lempicka
"Portrait de la Duchesse de la Salle"
1925
Le pantalon gagna les garde-robes en 1924 pour les tenues d'intérieur et le sport tel que le golf ou l'équitation. Il faudra au pantalon encore quelques années de bataille contre la loi, faite pour les hommes et par les hommes, afin de le voir enfin entrer dans le dress-code.

Années 30... La taille des vêtement reste descendue sur les hanches, la robe est droite mais l'aspect luxueux disparait après la crise de 1929. On ajoute les petits chapeaux ou les chapeaux cloches... Jamais on ne verra autant de sortes de chapeaux ! Les ourlets continuent de grimper... La Photo de mode naquit en ces années d'évolution, où le Jazz et le Charleston donnaient le ton des soirées. Le style d'Elsa Schiaparelli lançait une nouvelle ère dans la Haute-Couture.

Tamara de Lempicka "Le Foulard Bleu"
 1930
Années 40... La Seconde Guerre Mondiale, par ses restrictions fait raccourcir les ourlets... Le pyjama pour femme donna un sérieux coup de pouce au pantalon. Ce vêtement de nuit  s'émancipa à Londres, car il était pratique pour descendre dans le métro ou les abris la nuit pendant le Blitz... Il sera par la suite mondialement adopté !

(c) René Gruau pour Dior "New Look"
 
Années 50 : C'est l'avènement de la femme Dior ! La Haute-Couture et ses lettres de noblesse est lancée par le modèle "New-Look" de 1948, un antagonisme total à la période d'après guerre : on rallonge les jupes, on porte des chapeaux sur des chignons chics, on affine la silhouette, on est juchée sur des talons hauts et la guêpière fait une taille... de guêpe lol
Tout est restructuré ! Après la pénurie de tissu, on en faisait une débauche, comme un besoin d'un renouveau après ces années noires.
 

René Gruau "Mode Dior"
 
Années 60, Bardot met les carreaux Vichy au goût du jour, taille marquée et jupe parachute. Puis, en 1966, ce fut la révolution : naissance de la mini jupe... On libère à nouveau ! La Haute Couture revient en force : Dior, Chanel, Saint-Laurent et son smoking pour femme la même année, (Oh la merveilleuse révolution !), Lanvin... Courrèges coupe tout "en trapèze" avec ses mini-robes et combinaisons de cosmonaute lol Les grands noms se font leur lettres de noblesse, leur talent et leur créativité ravit les femmes... et les hommes !
 
Années 70, les pantalons à "patte d'éléphant" sont l'emblème de cette période très gaie. Chaussures aux talons carrés... matières clinquantes avec l'avènement du disco au final !
 
Années 80, un ersatz de style rock des années 60... Bof bof bof... J'ai détesté ces épaules larges rembourrées avec des épaulettes ! Grrrr par contre, heureuse découverte du talent de  Christian Lacroix et de celui de Karl Lagerfeld, le gardien du style Chanel, qui ne cesse de m'étonner et de m'émerveiller par son panache, car si  Mademoiselle Chanel revenait, elle ferait du Lagerfeld !  Le couturier a compris la "Grande Mademoiselle". Années 90, j'ai détesté, mis à part les redingotes. On attendait le changement...
(c) Christian Lacroix
 
Il arriva pour le passage au 3e Millénaire (2000 à 2001). J'ai a-do-ré ces Années 2000 ! Incroyable et inépuisable créativité pour la mode de la rue. Retour des t-shirts et vestes près du corps, des tailles descendues, (clin d'oeil aux Seventies) mode "army" et avènement de la couleur violet (ma préférée). 2010 : le vêtement s'amplifie, le t-shirt retrouve une longueur sur les hanches... Et je continue d'aimer la mode !

La Mode est un Art, elle est création, imagination et fantaisie... Vive la Mode !
 
Attention messieurs, on va vous regarder de près lors d'un prochain billet lol Jabots de dentelles, beaux gilets et chapeaux claques, les dressings de vos grand-pères vont être passés au crible... et à la loupe ! :D

Un accéléré historique pour comprendre l'évolution de la mode à partir de 1900... avec humour  :