vendredi 3 décembre 2010

NORMAN ROCKWELL : LE PEINTRE FAVORI DE L'AMERIQUE

Norman Rockwell : "Le Critique" (Mary Rockwell, épouse de l'artiste, posa pour le portrait à la manière de Rubens)

Lors de ma première rencontre avec une illustration de Norman Rockwell, je fus aussitôt enthousiasmée par cette fraîcheur et ce réalisme. Quand on pense que la majorité de ces illustrations datent du début du XXe siècle, on reste agréablement surpris devant le trait fluide, le style pétillant, la modernité, le sens de l’observation et l’espièglerie de l’artiste, bien qu’une gravité sous-jacente se perçoit nettement sur certains dessins, malgré son patriotisme flagrant, mais la vie de l’artiste traversa deux guerres, ceci explique cela, il n’a pourtant jamais dessiné une scène de violence. Son succès fut immense, son Amérique est bien belle, trop belle par rapport à la réalité selon ses détracteurs. Pourquoi dessiner le sordide, on le sait hélas trop présent, partout sur Terre. On peut donc parler de « l’Amérique de Norman Rockwell », il l’idéalisait joliment dans ses illustrations sans pourtant occulter quelques problèmes sociaux pour qui veut bien les voir. Ma première découverte fut l’homme qui remonte la pendule d’une grande gare de l’Est Américain des années 50, illustration que je n’ai pas retrouvée dans mes documents ni en effectuant une recherche sur la toile. Dommage, mais tant d’autres sont tout autant merveilleuses dont tous les gamins délurés, les fillettes gracieuses et les Santa-Claus qu’il a imaginé et dont les détails sont traités avec un soin exceptionnel.

Le Connaisseur - janvier 1962

Dans une maison de briques brunes de New York, Norman Percevel Rockwell, fils cadet de Jarvis Waring et de Nancy Hill Rockwell, naquit le 3 février 1894 sous le signe du Verseau. Le déclic artistique de Norman se produisit en en 1899 lorsqu’il assista à la parade triomphale organisée en l’honneur de l’Amiral Dewey au retour de la guerre des Philippines. Ebloui par le spectacle, le petit Norman dessina les bateaux de guerre, au grand ravissement des petits garçons du quartier. Trop grand pour son âge, maladroit en sport, Norman Rockwell trouva dans l’Art un passeport pour le succès.

Remise à l'Heure de l'Horloge

En 1903, sa famille s’installa à Mamaroneck, au nord de Manhattan où Norman, certain de sa vocation, faisait de longs trajets dans les transports en commun afin de suivre les cours des Beaux-Arts à la Chase School de Manhattan. A l’âge de 15 ans, il s’inscrivit à la National Academy School, puis en 1910, il fut élève à la « Arts Students League », car son idole en était l’un des fondateurs : l’illustrateur Howard Pyle. Il y apprit l’anatomie avec George Bridgman et l’illustration avec Thomas Fogarty. A 17 ans, Norman Rockwell illustra son premier livre : « Tell me Why about Mother Nature » (Raconte moi Mère Nature) de C.H. Claudy. En 1912, de retour à New York, Norman loua un atelier dans l’Upper West Side dans un hôtel peu fréquentable.


"Le Marionnetiste"

En 1913, soutenu par Thomas Fogarty, Norman Rockwell fut nommé directeur artistique du magazine « Boy’s Life ». Déjà, il se spécialisait dans les publications pour la jeunesse. En 1915, la famille Rockwell emménagea à New Rochelle, Norman s’installa dans l’ancien atelier de Frederick Remington, avec son ami, le caricaturiste Clyde Forsythe. Sa première couverture du magazine « Saturday Evening Post » fut publiée le 20 mai 1916 (le jeune garçon au landau).

"Le Garçon au Landau" - 1916 huile sur toile 53x47 - Première couverture du Saturdau Evening Post.

La carrière de Norman Rockwell était lancée lorsqu’il épousa Irène O’Connor, institutrice à New Rochelle. En 1918, pendant son service militaire dans la Marine, on lui permit d’honorer ses contrats de couvertures et d’illustrations. En 1919, l’artiste inaugura une série de couvertures très appréciées par les lecteurs pour les numéros de Nöel du Saturday Evening Post.

Norman Rockwell peint "Soda Jerk" huile sur carton 11x16 - intense singularité dans cette image minuscule où Rockwell a uni son portait à celui de son fils.

"Soda Jerk", le Vendeur de limonade - couvertue du Post, 22 août 1953 - l'un des fils de Norman Rockwell pose pour le serveur.

En 1923, une crise d’inspiration et de confiance en lui poussa l’artiste, désormais célèbre, à s’embarquer pour la France où après quelques cours dans une Ecole d’Art, il s’initia à l’Art Moderne, tentative que la direction du "Post" lui demanda d’abandonner. Il continua son périple en Afrique du Nord puis en Amérique du Sud. En 1924, il dessina son premier calendrier scout pour Brown et Bigelow. En 1926, il lui revint l’honneur de peindre la première couverture en quadrichromie du Saturday Evening Post.

" Chapeau et Queue de Pie"


"A l'aller et au retour" ('la Sortie) couverture du Saturday Evening Post 1947

Divorcé en 1930, l’artiste partit pour la Californie où il rencontra sa seconde épouse, l’institutrice Mary Barstow. Le couple s’installa à New Rochelle dans une jolie maison de style XVIIIe avec un atelier. En 1932, il s’embarqua à nouveau pour l’Europe avec femme et enfant : Jarvis, son premier fils, -Tommy naquit en 1933 et Peter en 1936-.Pour une édition spéciale de Tom Sawyer demandée par Héritage Press, il se rendit dans le Missouri afin de faire connaissance avec le pays de Mark Twain. En 1937, Norman Rockwell commença à recourir à la photo pour étayer ses illustrations : l’idée lui vint lors d’un repérage à Concord, dans le Massachusetts, en vue des illustrations pour une biographie de May Alcott pour le "Women’s home Companion".

"Gossips" (Commérages) Madame Rockwell tient un rôle sur la 3e rangée, et Norman Rockwell est le dernier homme qui fait l'objet de toute l'histoire et sur lequel tout le monde rit. L'artiste faisait poser en photo ses amis, ses voisins, ses relations, sa famille. Un jour, il exigea de l'un de ses gentlemem de raser sa moutache afin d'utiliser le visage de l'homme pour dessiner 3 vieilles dames !

"Fillette au Miroir" Couverture du Post du 6 mars 1954 - Huile sur toile - L'une des études psychologiques les plus pénétrantes de Norman Rockwell. Cette petite fille au seuil de l'adolescence sera-t-elle aussi belle plus tard que l'actrice Jane Russel ?

Afin de contribuer au soutien moral de la nation, à partir de 1941, Rockwell créa le personnage de la jeune recrue Willie Gillis. Le soldat fit 11 fois la couverture du Post. Inspiré par un discours de Roosevelt, l’illustrateur réalisa 4 toiles sur la Liberté, reprises pour des affiches par l’Etat Américain. En 1946, parut le best-seller "Norman Rockwell illustrator", l’artiste y dévoilait ses secrets de fabrication, dont les photos de ses fils, de sa femme, de ses modèles qui étaient ses voisins, ses amis, monsieur le Maire etc… ou de lui-même prenant la pose en costume d’époque. En 1948, il contribua à la fondation de cours par correspondance pour les futurs illustrateurs, la célèbre "Artist School of Westport" dans le Connecticut.


Norman Rockwell "Autoportrait"

En 1960, le Saturday Evening Post publia les mémoires de Rockwell sur plusieurs numéros, elles sortirent en librairie la même année sous le titre "My adventure as an illustrator". Deux ans après le décès de sa deuxième épouse, Rockwell se maria pour la 3e fois en 1961 et en 1964, après avoir dit au revoir au « Post », il publia dans le magazine « Look » des tableaux aux sujets sociaux très engagés.

"Le problème qui nous concerne tous" - huile sur toile 91,5 x 147,5 - protestation contre le racisme, couverture pour "Look"

En 1969, avec sa femme et quelques « partisans », il ouvrit la galerie « The Old Corner House » à Stockbridge où il exposa ses toiles. Sa dernière couverture parut en 1976 dans « American Artist » et en 1977, un an avant mort, l’artiste fut décoré par le président Ford de la Medal of Freedom.

Norman Rockwell : "Pas croyable ! Papa avec une Plymoouth tout neuve !" Publicité pour le Post - décembre 1951
" L'histoire de ma vie est vraiment l'histoire de mes images et de la façon dont je les ai faites, parce que, d'une façon ou d'une autre, tout ce que j'ai vu ou fait est toujours passé dans mes images." Norman Rockwell
Source Images : Musée Norman Rokwell - Stockbridge MA - USA.

4 commentaires:

  1. Dear Nathanaelle,

    I enjoyed your post about Norman Rockwell very much. His paintings of scenes from real life are a joy to look at. The last picture is so sweet!

    Happy weekend!

    Lieve groet, Madelief

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  2. Nathanaëlle, je dois vous avouer que les illustrations de Norman Rockwell ne me fond pas grimper aux rideaux ;-)
    Mais l'histoire du cantonnier des horloges, là oui, ça me parle. Les horloges (tout comme les réverbères) me fascinent depuis l'enfance.

    Curieuse comme tout, je suis allée à la pêche sur la toile et voici ce que j'ai ramené dans mon filet :
    Des informations (in english, hélas !) sur le magasin de Chicago où l'horloge est implantée (en particulier les protestations engendrées par le changement d'enseigne).
    Un gros plan de l'horloge actuelle
    Une animation temporaire reproduisant l'illustration de Norman Rockwell (super photo !)
    Le GROS plan de l'animation !
    L'illustration de Norman Rockwell.
    La couverture du Post en grand format.

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  3. To Madelief : Good evening ! Yes I like the Art of Norman Rockwell, in their paintings, there is something of happy.
    Enjoy your week end (under the snow for me ! )
    Lieve Groet, Amitiés,
    Nathanaëlle

    A Tilia : Merci pour vos recherches et ces infos ! Waouh ! Je suis ravie de découvrir cela. Cette horloge est superbe. merci d'être aussi curieuse ! lol :D
    L'art est subjectif, j'espère que d'autres artistes, d'autres articles, déjà publiés ou à venir, vous passionneront davantage. Merci pour votre interêt.
    Amitiés,
    Nathanaëlle

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  4. Oh mon dieu !! J'avais un travail à faire sur cet artiste. Cependant, ce travail me dégoutais. Mais maintenant que j'ai lu toutes ces informations, cela me fait pétiller. C'est trop interessant. A DIEU. :)

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Merci pour votre petite touche de couleur...