"Nature morte aux verres dans un panier". 1664. Huile sur toile, 52 x 63 cm. Strasbourg, musée de l’œuvre Notre Dame. (Histoire de l’Art)
Une orange, une jatte de fraise, une carpe, l’éclat d’un plat en étain, un amas de verre, une chandelle sur le point de s’éteindre... Le temps s’arrête, immobile. Une étrange présence s’installe… Poète des reflets et des scintillements fugitifs, dont il avait la passion, les sujets de Sébastien Stoskopff présentent un aspect fantastique sur leurs fonds sombres.Allégoriques ou moralisantes, ses œuvres sont marquées par une densité et une intensité extraordinaires, l'artiste traitait la lumière d'une manière magnifique et très originale.
"Nature morte à la statuette de Junon et aux coquillages". Huile sur panneau de noyer, 52 x 73cm. Paris, Musée du Louvre. (Histoire de l’Art)
"Les Cinq Sens à l'horloge de table" vers 1635. Sur un fond brun, chaque objet se détache avec la netteté d'un trompe l'oeil, un art dans lequel Stoskopff excelle.
Pendant toute sa carrière, de 1622 à 1667, cet artiste strasbourgeois n’aura d’autres modèles que les choses inanimées dont il tentait de percer les mystères. Mais contrairement à la plupart des artistes qui, à l’abri de toutes aventures, excellaient dans cet exercice tranquille, Stoskopff était dévoré d’ambition. Confiant en son propre talent, il sillonna les villes d’Europe, Hanau, Paris, Venise, Rome, Strasbourg, en quête de gloire et de généreux mécènes.
"Les Cinq Sens". Huile sur toile, 125x165 cm - Musée de l'Oeuvre Notre-Dame- Strasbourg
"Jatte de Fraises" Vers 1630. Huile sur bois, 21x36cm. Strasbourg, Musée de l’œuvre Notre Dame. Composition monumentale pour cette coupe. Elle evoque l'Art de Louise Moillon, une des rares femmes peintres du XVIIe siècle.
Puis Géorg fera une demande auprès du Conseil de la Ville afin que celle-ci finance l'apprentissage de son fils sur une période de cinq ans. C'est ainsi que de 1615 à 1619 à Hanau, près de Francfort, dans l’atelier de son maître wallon Daniel Soreau, Sébastien apprit tous les genres de la peinture -du portrait à la nature morte- l’architecture, les mathématiques, mais également le luth et le jeu de balle : musique et exercice du corps. Soreau misait tous ses espoirs sur son élève en qui il voyait un nouveau Dürer.
"Nature Morte au Nautile"
A la mort de Soreau, Sébastien Stoskopff reprit l'atelier et forma des apprentis avec les fils de Soreau, Isaac et Peter. A la fin de son contrat, Stoskopff choisit de se spécialiser dans l’Art de la Nature Morte, considéré comme le genre mineur de la peinture ! Car pour lui, il n’était d’autres joies que de poser l’instant. «Quelle vanité que la peinture qui attire l’admiration par la ressemblance des choses dont on n’admire point les originaux» : l’Art de Stoskopff est aux antipodes de cette pensée de Pascal qui définissait ainsi les "vanités".
Il vint s'installer à Paris, autour de Saint Germain des Près, puis à Venise en 1629 où son Art subira l'influence du Caravage. En 1630, il revint à Paris dans le quartier du Marais, près de la rue Vieille du Temple où sa notoriété commença à poindre avec celles de Jacques Linard ou de Lubin Baugin, autres peintres de natures mortes.
"Corbeille de verres et pâté et lettre adressée à Teniers" 1644 : un morceau de virtuosité, la transparence et l'éclat des verres accumulés.
Après avoir exploré le monde des «vanités» et autres "Quatre Eléments" ou «Cinq Sens», genre très en vogue à cette époque où les crânes confrontés aux instruments de musique et de savoir symbolisaient l’éphémère de l’esprit et des biens de ce monde, Sébastien Stoskopff s’exerça à l’Art du trompe-l’œil. Ainsi il peint des gravures de grands maîtres de son temps comme Rembrandt, Dorigny et Callot avec une telle virtuosité que l’empereur Ferdinand III d’Autriche s’y laissa prendre. Stoskopff riait de la tromperie et faisait en même temps l’éloge de l’œuvre.
"Trompe l’oeil avec Gravure de Ferdinand Bol" : "Vieil homme barbu avec sa canne". 1642. Vaduz, Lichtenstein Sammlung. (Histoire de l’art)
En 1641, fort de la maîtrise de son Art, l'artiste alsacien revint dans sa bonne ville natale de Strasbourg où il épousa Anna Maria Riedinger, fille d'un orfèvre. Le couple eut une fille en 1647. La renommée de Stoskopff s’étendait à de nombreux souverains allemands et autrichiens comme le duc Eberhardt III de Wurtemberg, l’archiduc Léopold Wilhelm d’Autriche ou le comte Johannes de Nassau-Idstein, petit souverain protestant réfugié à Strasbourg. Grand amateur de peinture, de plantes rares et de jardins, ce dernier commanda quelques œuvres à l’artiste dont son portrait et celui de sa femme Anna.
"Nature morte à la Carpe sur une assiette posée sur une boîte en bois et pichet". Oeuvre signée- huile sur toile, 46 x 57cm. Brême, Kunsthalle.(Histoire de l’art)
Après la guerre de "Trente Ans", le comte récupéra ses domaines d’Idstein en Allemagne et invita le peintre à l’y rejoindre en 1655, une solide pension à l’appui. Stoskopff était au comble de sa gloire mais hélas un an plus tard, le «peintre de Strasbourg », un jour d’ivresse à l’eau de vie, mourut subitement. Sa disparition brutale, comme son enterrement à la hâte entre 7 et 8 heures au matin du 11 fevrier 1657 «sans chant d’église ni son de cloche» suscitèrent quelques rumeurs d'assassinat. Accusé, Balthazar Moyses, l'aubergiste, parvint à se disculper. Mais 20 ans plus tard, l’affaire rebondit au grand procès de sorcellerie qui enflamma Idstein. Une des accusées témoigna du crime de ce Balthazar Moyses. Bien curieuse fin pour un artiste à la peinture aussi sage.
Pendant toute sa carrière, de 1622 à 1667, cet artiste strasbourgeois n’aura d’autres modèles que les choses inanimées dont il tentait de percer les mystères. Mais contrairement à la plupart des artistes qui, à l’abri de toutes aventures, excellaient dans cet exercice tranquille, Stoskopff était dévoré d’ambition. Confiant en son propre talent, il sillonna les villes d’Europe, Hanau, Paris, Venise, Rome, Strasbourg, en quête de gloire et de généreux mécènes.
"Les Cinq Sens". Huile sur toile, 125x165 cm - Musée de l'Oeuvre Notre-Dame- Strasbourg
Elevé dans la tradition humaniste de la Renaissance, Stoskopff maîtrisait tous les arts. Né à Strasbourg en 1597, il fut baptisé le 31 juillet de la même année, il était le 3e enfant d'une famille de la petite bourgeoisie luthériene. Géorg Stoskopff, son père, remarqua très tôt les dispositions de son enfant doué pour le dessin. Ainsi, Sébastien fut élève du graveur strabourgeois Friedrich Brentel, de 1580 à 1651.
"Jatte de Fraises" Vers 1630. Huile sur bois, 21x36cm. Strasbourg, Musée de l’œuvre Notre Dame. Composition monumentale pour cette coupe. Elle evoque l'Art de Louise Moillon, une des rares femmes peintres du XVIIe siècle.
Puis Géorg fera une demande auprès du Conseil de la Ville afin que celle-ci finance l'apprentissage de son fils sur une période de cinq ans. C'est ainsi que de 1615 à 1619 à Hanau, près de Francfort, dans l’atelier de son maître wallon Daniel Soreau, Sébastien apprit tous les genres de la peinture -du portrait à la nature morte- l’architecture, les mathématiques, mais également le luth et le jeu de balle : musique et exercice du corps. Soreau misait tous ses espoirs sur son élève en qui il voyait un nouveau Dürer.
A la mort de Soreau, Sébastien Stoskopff reprit l'atelier et forma des apprentis avec les fils de Soreau, Isaac et Peter. A la fin de son contrat, Stoskopff choisit de se spécialiser dans l’Art de la Nature Morte, considéré comme le genre mineur de la peinture ! Car pour lui, il n’était d’autres joies que de poser l’instant. «Quelle vanité que la peinture qui attire l’admiration par la ressemblance des choses dont on n’admire point les originaux» : l’Art de Stoskopff est aux antipodes de cette pensée de Pascal qui définissait ainsi les "vanités".
"La Grande Vanité" 1641 Oeuvre signée et datée - Huile sur toile, 125 x 165cm. Strasbourg, Musée de l’Œuvre Notre-Dame.
Il vint s'installer à Paris, autour de Saint Germain des Près, puis à Venise en 1629 où son Art subira l'influence du Caravage. En 1630, il revint à Paris dans le quartier du Marais, près de la rue Vieille du Temple où sa notoriété commença à poindre avec celles de Jacques Linard ou de Lubin Baugin, autres peintres de natures mortes.
Après avoir exploré le monde des «vanités» et autres "Quatre Eléments" ou «Cinq Sens», genre très en vogue à cette époque où les crânes confrontés aux instruments de musique et de savoir symbolisaient l’éphémère de l’esprit et des biens de ce monde, Sébastien Stoskopff s’exerça à l’Art du trompe-l’œil. Ainsi il peint des gravures de grands maîtres de son temps comme Rembrandt, Dorigny et Callot avec une telle virtuosité que l’empereur Ferdinand III d’Autriche s’y laissa prendre. Stoskopff riait de la tromperie et faisait en même temps l’éloge de l’œuvre.
"Trompe l’oeil avec Gravure de Ferdinand Bol" : "Vieil homme barbu avec sa canne". 1642. Vaduz, Lichtenstein Sammlung. (Histoire de l’art)
En 1641, fort de la maîtrise de son Art, l'artiste alsacien revint dans sa bonne ville natale de Strasbourg où il épousa Anna Maria Riedinger, fille d'un orfèvre. Le couple eut une fille en 1647. La renommée de Stoskopff s’étendait à de nombreux souverains allemands et autrichiens comme le duc Eberhardt III de Wurtemberg, l’archiduc Léopold Wilhelm d’Autriche ou le comte Johannes de Nassau-Idstein, petit souverain protestant réfugié à Strasbourg. Grand amateur de peinture, de plantes rares et de jardins, ce dernier commanda quelques œuvres à l’artiste dont son portrait et celui de sa femme Anna.
Après la guerre de "Trente Ans", le comte récupéra ses domaines d’Idstein en Allemagne et invita le peintre à l’y rejoindre en 1655, une solide pension à l’appui. Stoskopff était au comble de sa gloire mais hélas un an plus tard, le «peintre de Strasbourg », un jour d’ivresse à l’eau de vie, mourut subitement. Sa disparition brutale, comme son enterrement à la hâte entre 7 et 8 heures au matin du 11 fevrier 1657 «sans chant d’église ni son de cloche» suscitèrent quelques rumeurs d'assassinat. Accusé, Balthazar Moyses, l'aubergiste, parvint à se disculper. Mais 20 ans plus tard, l’affaire rebondit au grand procès de sorcellerie qui enflamma Idstein. Une des accusées témoigna du crime de ce Balthazar Moyses. Bien curieuse fin pour un artiste à la peinture aussi sage.
LES VANITES : La "Vanité" apparut au XVIIème siècle, elle tirait sa source des thèmes religieux, philosophiques ou moraux. Son but était d’évoquer la vie terrestre, ses plaisirs et ses excès, la fragilité du temps qui passe et la destruction inévitable de la matière, en résumé : la brièveté de la vie. Pour parvenir à ses fins, l’artiste mettait en scène des objets tels que crânes, bougies, fleurs plus ou moins fanées, fruits rares ou légumes, insectes et petits rongeurs, coupes, hanaps, livres, instruments de musique, orfèvrerie, bijoux, globes terrestres et tables servies, tout ce qui attestait de la richesse et donc de la vanité. Dans ses peintures l’artiste associait ces symboles à ceux des activités humaines : savoir, science, richesse, luxe, plaisirs et beauté. Ce type de peinture fut particulièrement présent dans les pays protestants de l'Europe du Nord.
Source images n° 3 5 6 8 9 et 10 : encyclopedie.bse
C'est vraiment beau. On croirait des photos tellement le réalisme est stupéfiant.
RépondreSupprimerC'est très beau ces Stosskopf sur fond noir ! Personnellement, j'ai un faible pour la jatte de fraises mais la corbeille de verre et le verre accompagné de son citron sont aussi très originaux.
RépondreSupprimerAttention à l'orthographe. Ce nom est composé de "Stoss" qui veut dire "coup" et "Kopf" qui veut dire "tête". Un coup à la tête ? Peut-être ! Ces peintures "classiques" ont quelque chose de tellement décalées !
Effectivement Stoskopff possédait un extraordinaire talent et un magnifique sens de la matière. C'est pourquoi je suis si admirative.
RépondreSupprimer@ Euterpe : Stoskopff avec 2 F et 1 S est pourtant la bonne orthographe, j'etais très jeune quand j'ai découvert quelques oeuvres, et je me souviens de ces 2 F, de plus, je ne pense pas que, plus tard, mon prof d'Histoire de l'Art, enseignant à la Sorbonne aurait commis une telle erreur, pas plus que les Musées du Louvre et de l'Oeuvre Notre Dame de Strabourg ! lol :)
Bien amicalement,
Pourquoi un fond noir enfaîte ?
RépondreSupprimerEn fait, les compositions des natures mortes contemporaines à Stoskopff sont assez dépouillées, lui, malgré l'austérité de ses natures mortes, il les a transcendées en richesse, en densité, et en force.
Supprimer