Edvard Grieg par Eilif Peterssen - 1891
Institut Suedois, Hôtel de Marle - 11 rue Payenne Paris- photo de Nils Boldt Christmas
Vers 1840, les folkloriques, tel Ludwig Mathias Lindeman ont publié des centaines d’airs populaires, source inépuisable d’inspiration pour les compositeurs depuis le flamboyant Öle Bull (1810-1870) incarnation du héros virtuose romantique, jusqu’à nos contemporains. Ces sources nationales se sont harmonisées avec la musique savante des œuvres de H. Kjerulf (1815-1868) et de ses successeurs Richard Nordraak (1842-1865) auteur de l’Hymne National Norvégien et surtout Johan Svendsen (1848-1911) et Edvard Grieg ((1843-1907). Longtemps la création musicale norvégienne subit l’influence germanique, au point que le directeur de la Société Philharmonique d’Oslo fut l’Allemand Carl Arnold, tandis que le Conservatoire de Leipzig fondé par Mendelssohn (1843) devint le passage obligé des jeunes musiciens de l’Europe du Nord. Dans l’excellente musique écrite par Svendsen ou Halvorsen se lit clairement l’influence de Mendelssohn ou de Schumann. Dans ce contexte, on comprend mieux la personnalité de Grieg, que sa créativité plus propice aux sources nationales norvégiennes ait dominé son temps et se soit imposée par sa force propre, dans un domaine créatif situé bien au-delà, pourtant marqué par le Romantisme allemand.
Öle Bull
"L'Homme a inventé la musique pour parler au coeur des hommes"
Depuis toujours j’ai été attirée par la richesse des cultures de notre belle Europe et même de la planète entière, (il est merveilleux notre monde, si certains ne s’acharnaient pas à le perdre, mais ceci est un autre débat…) tout cela parce que je suis une curieuse invétérée, toujours à la recherche de ce que l’homme, au sens générique du terme, peut créer de merveilleux, et croyez qu’il y a de quoi s’émerveiller chaque jour, (comme quantité de raisons de se mettre en colère mais on en revient là, à cet autre débat…) Lorsque j’habitais ma bonne ville de Paris, j’allais toujours traîner mes baskets dans les expos, dans les Bibliothèques, j’allais souvent au Centre Culturel Suédois de la rue Payenne, au cœur du Marais (...ou à la pâtisserie Viennoise près de l'Odéon, pas le même quartier mais pour une Sachertorte, on ferait des kms... en métro ! Ah ben là aussi, un autre débat : le bon miam miam Européen ! Non il n’y a pas que la pâtisserie française pour nous ébaubir les papilles, arrêtons de toujours « cocoricoter » !), bon tout cela pour dire que c’est là, à l’Hôtel de Marle, entre conférences, expositions et bouquins (ainsi que lors d'expos au Petit Palais, ou à la Librairie Nordique de la rue des Francs-Bourgeois) que l’Art Nordique me fut offert à la découverte : Frits Thaulow, Peder Severin Kroyer, Carl Larsson… ainsi que la musique du Nord (J’en oubliais le temps de passer prendre un thé chez Angelina car le Café Suédois, un tantinet bobo, de ce même Hôtel de Marle n’existait pas encore) ! Mes préférences musicales vont de Vivaldi à Tchaïkovski en passant par Mozart et Chopin mais là… Qu’avais-je découvert ? Un autre royaume, une autre source de sensibilité, forte, profonde, souvent tourmentée, mais passionnante.
La Tradition Musicale Norvégienne et la France
Si la Norvège resta depuis le Moyen Age jusqu’en 1905 (date de l’indépendance du pays) sous domination danoise, puis suédoise (1814), ce pays participa clairement à l’éveil des nationalités de l’Europe romantique. Dans l’histoire de la Norvège du XIXe siècle, la musique joua un rôle constitutif essentiel grâce à l’importance, la richesse et la diversité des musiques de tradition orale, demeurées longtemps à l’abri de toute influence étrangère.
Vers 1840, les folkloriques, tel Ludwig Mathias Lindeman ont publié des centaines d’airs populaires, source inépuisable d’inspiration pour les compositeurs depuis le flamboyant Öle Bull (1810-1870) incarnation du héros virtuose romantique, jusqu’à nos contemporains. Ces sources nationales se sont harmonisées avec la musique savante des œuvres de H. Kjerulf (1815-1868) et de ses successeurs Richard Nordraak (1842-1865) auteur de l’Hymne National Norvégien et surtout Johan Svendsen (1848-1911) et Edvard Grieg ((1843-1907). Longtemps la création musicale norvégienne subit l’influence germanique, au point que le directeur de la Société Philharmonique d’Oslo fut l’Allemand Carl Arnold, tandis que le Conservatoire de Leipzig fondé par Mendelssohn (1843) devint le passage obligé des jeunes musiciens de l’Europe du Nord. Dans l’excellente musique écrite par Svendsen ou Halvorsen se lit clairement l’influence de Mendelssohn ou de Schumann. Dans ce contexte, on comprend mieux la personnalité de Grieg, que sa créativité plus propice aux sources nationales norvégiennes ait dominé son temps et se soit imposée par sa force propre, dans un domaine créatif situé bien au-delà, pourtant marqué par le Romantisme allemand.
Il faut relever les liens importants entre les musiciens, poètes et dramaturges norvégiens. En 1848, le légendaire violoniste Öle Bull créa un Théâtre Norvégien à Bergen où il installa Henrik Ibsen alors âgé de 23 ans, il fera de même en 1857 avec Bjornstjerne Bjornson.
Les meilleurs compositeurs collaborèrent avec les dramaturges afin d’écrire des musiques de scène dont certaines demeurent toujours au répertoire symphonique, comme «Sigurd Jorsalfar» de Bjornson et Grieg -1872- ou «Peer Gynt» d’Ibsen et Grieg - 1874. Cependant, les liens avec la France se tissèrent tout au long du XIXe siècle, si Öle Bull s’établit difficilement à Paris vers 1830, Thomas Tellefsen, plus heureux, se fixa définitivement dans la capitale française auprès de son maître Frédéric Chopin. De 1868 à 1870 Johan Svendsen y composa sa belle pièce orchestrale « Carnaval à Paris » opus 9 tandis que Edvard Grieg y acquit un renom grâce à ses œuvres vocales et orchestrales. Il dirigea ses œuvres à Paris le 19 avril 1903 à l‘invitation de Colonne. Interrogé par le journal «Le Figaro» le 4 octobre 1900, sur l’évolution musicale de la Norvège au XIXe siècle, Grieg indiqua clairement l’esthétique française désormais à suivre pour les jeunes compositeurs des Pays du Nord « L’étude de l’Art français les aidera à redevenir eux-mêmes, avec sa phrase légère, souple, vivante, sa limpidité cristalline, son harmonieux pouvoir inné d’utiliser tous les moyens d’expression disponibles, il est le sauveur de notre musicien. » Cet appel fut largement entendu. A l’époque de la Première Guerre Mondiale, la musique française nouvelle attira les jeunes compositeurs norvégiens tels que Alf Huruma (1882-1972) David Momrad Johansen (1888-1974), Bjarne Brustad (1895-1978) ou Pauline Hall (1890-1969) venue étudier à Paris. Au long des années, ces courants culturels ont su se maintenir, si bien qu’il ne parait pas exagéré de dire qu’à l’image de ce qu’il advint pour Edvard Munch en peinture, la France a compté pour une part certaine dans la formation des grands créateurs norvégiens.
Source « Saison Norvégienne » 1991 et mes petites notes…
Edvard Grieg "Peer Gynt", "La Danse d'Anitra", opus 46.
«Peer est pris pour un prophète, invité d'un cheik, la belle Anitra danse pour le séduire». (Michel Parouty). On aurait pu s'attendre à quelque couleur orientale, en fait, ce sont des rythmes typiquement scandinaves.
(Manuscrit - Bibliothèque Municipale - Bergen)
«Peer est pris pour un prophète, invité d'un cheik, la belle Anitra danse pour le séduire». (Michel Parouty). On aurait pu s'attendre à quelque couleur orientale, en fait, ce sont des rythmes typiquement scandinaves.
(Manuscrit - Bibliothèque Municipale - Bergen)
Edvard Grieg
Le compositeur norvégien Edvard Hagerup GRIEG naquit à Bergen le 15 juin 1843. Dès l’âge de 6 ans, il commença ses études musicales au piano sous la direction de sa mère. Lorsqu’en 1858 le compositeur Öle Bull vint à Bergen où il entendit jouer le jeune prodige, il parvint à convaincre ses parents de l’envoyer au Conservatoire de Leipzig (Allemagne) où Grieg fut admis à l’age de 15 ans. Ses maîtres furent Moscheles, Richter et Reinecke (pour la composition). Auprès de Johan Svendsen, Grieg s’enthousiasma pour la musique de Schumann et rentra à Bergen en 1862 pour se rendre auprès de Niels Gade. Vers la fin des années 1860, il écrivit son premier livre de Pièces lyriques pour le piano et son premier concerto en 1868. Sa rencontre avec Franz Liszt le stimula, il en fut de même lors de sa découverte du recueil de musique populaire de Lindeman en 1840. A l’Automne 1871, de concert avec Johan Svendsen, il fondit la «Société Musikforeningen» dont il dirige les œuvres chorales jusqu’en 1874, tandis que Svendsen se chargeait de la musique symphonique. L’œuvre «Peer Gynt» fut écrite en 1874 pour la pièce d’Henrik Ibsen. En cette même année, il reçut une pension annuelle de l’Etat et collabora avec Bjornson pour «Sigurd Jorsafar» et «Olav Trygvasson». De 1880 à 1882, Grieg prit la direction de l’Orchestre Harmonien de Bergen et entreprit chaque année de grandes tournées de concerts dans toute l’Europe. Paris l’accueillit à plusieurs reprises jusqu’en 1903. A partir de 1885, il s’installa à «Troldhaugen» une maison construite pour lui près de Bergen où il s’éteignit le 4 décembre 1907 à l’age de 64 ans.
Grieg apparaît comme un extraordinaire musicien inspiré par la musique traditionnelle, mais il sut également, dans ses dernières œuvres pour piano (Op. 72 1902), faire évoluer son style vers un modernisme harmonique alors peu compris, évoquant parfois Bartök. Ainsi que le signale justement Harald Herresthal dans son livre sur la musique norvégienne : «Avec l’Art de Grieg, la musique norvégienne connut une notoriété et une popularité à laquelle aucun autre compositeur scandinave ne parvint par la suite».
Une merveille à écouter : "Morgenstimmung" (le Matin) d'Edvard Grieg
extrait de "Peer Gynt", il y a une telle joie dans ce morceau, il vous emporte.
Comme Grieg ..et comme toi j' en suis sure ,
RépondreSupprimer" j' aime ce qui parle au coeur."
Quel superbe cours de culture musicale tu nous offres..:-)
J' étais heureuse de réentendre
" Morgenstimmung "
Je connaissais ce morceau sans en savoir le nom de l' auteur..! et oui , pas assez cultivée...:-))
Joues-tu d' un instrument..?
Amitié à toi pour un été que je te souhaite plein de joies...
L'Art, tous les Arts parlent au coeur. Je viens de changer de vidéo, j'avais choisi la précédente aussi pour ses photos magnifiques de petit matin, mais je ne l'avais pas déroulée jusqu'au bout afin de m'apercevoir que la musique était polluée par un "zinzinboumboum" de boite à rythme GGrrrrr ! :) Je viens de l'écouter et je suis furax. Du coup je suis allée en pêcher une autre sur Youtube et je me suis assurée que l'orchestration était purement symphonique. Non hélas, je ne joue pas de piano, mon instrument préféré, j'aimerai bien... je me contente d'admirer les musiciens de talent, et d'assister à des concerts. Nan je chante seulement, enfin j'essaie lol, Dame Nature m'a donné une voix de mezzo. Il faut que je reprenne des cours avec une merveilleuse soprano, Aleksandra Ivanovic, je ferai bientôt un article sur elle. Elle est extraordinaire.
RépondreSupprimerBises et bel été à toi aussi
Tu as raison pour la vidéo...elle est de bien meilleure qualité ...:-)
RépondreSupprimerBises