Isolde 1895 |
On dit qu'Aubrey Beardsley lança le style des vignettes Art Nouveau, ce genre d'ex-libris en noir et blanc tout à fait caractéristique de cette période. L'oeuvre de Beardsley est pour la plus grande partie en noir et blanc, encrée, gravée et lithographiée.
Ex-Libris |
Poète, auteur, romancier, illustrateur, musicien et personnage à l'esprit vif, l'artiste eut une vie peu ordinaire, peut-être à l'image de son originalité, mais elle fut brève et sa création picturale s'étend sur seulement 6 ans.
Cadet de sa soeur Mabel, Aubrey Vincent Beardsley naquit le 21 août 1872 dans l'élégante ville anglaise de Brighton. Pour la bonne société, sa mère, Ellen Agnus Pitt, fille du chirurgien-major de l'armée des Indes William Pitt, avait commis une mésalliance en épousant Vincent Paul Beardley, mari peu sérieux, qui plus tard avait dû vendre une partie de sa propriété pour réparer une promesse de mariage faite à une autre femme. Depuis cette fâcheuse histoire, Aubrey Beardsley, sa soeur et ses parents vivaient au 12 Buckingham Road, dans une maison de la famille Pitt, jusqu'en 1883, année où la famille Beardsley s'installa à Londres.
La Dame aux Camélias |
Dès 1884, à l'âge de 12 ans, Aubrey et sa soeur Mabel donnaient des récitals de piano au Pavillon Royal de Brighton, ils furent qualifiés par le public de "phénomènes musicaux". La mère de Beardsley contracta la tuberculose et les enfants furent contraints de vivre chez une tante qui envoya Aubrey en pension... En 1885, élève de la Grammar Schoool Hove and Sussex de Bristol, il écrivit une pièce qu'il joua avec d'autres étudiants. Au même moment, ses premiers dessins et illustrations furent publiés dans le journal de l'Ecole. A 15 ans, Beardsley avait illustré ses livres favoris, comme Madame Bovary ou Manon Lescaut.
Employé dans un bureau d'architecte à partir de 1888, puis dans la Compagnie d'Assurances Guardian Life and Fire, Breardsley souhaita rencontrer le préraphaélite Edward Burnes-Jones en 1891, puis ce fut le tour de Pierre Puvis de Chavannes... Les deux artistes, impressionnés par le contenu du carton à dessin de Beardsley furent unanimes : celui-ci devait perséverer, il était artiste, et devait vivre de son talent. En 1892, il entra à la Westminster School of Art sous la férule professorale de l'artiste Frederick Brown (1851-1941), dont l'oeuvre et le style étaient largement influencés par Bastien-Lepage.
Illustrateur et graveur, artiste de l'Art Nouveau et de l'Esthétisme anglais, Beardsley influença le Symbolisme français, il ne tenait pourtant compte ni de la perpective, ni des conventions de proportions. Beardley utilisait les aplats de couleurs entre le blanc de réserve et le noir, ce qui créa une petite révolution dans l'Art.
"Les chaussures de Cendrillon" 1894 |
Beardsley avait 20 ans lorsqu'il reçut sa première commande : il réalisa les 500 vignettes et illustrations pour "Le Morte Darthur" - la Mort d'Arthur titre orthographié ainsi dans sa première édition - il travailla en parallèle pour le recueil "Les Bons Mots". "Le Morte Darthur" valut à Beardley l'admiration de Kandinsky, père de l'Abstrait, et de Picasso, père du Cubisme.
La carrière de Beardsley s'étend sur six ans de production créative majeure que nous pouvons découper en trois périodes.
Illustration pour "Le Morte Darthur" La Dame du Lac |
"Le Morte Darthur" Excalibur |
Tout d'abord, de 1891 à 1892, époque pendant laquelle l'artiste ne signait pas ses oeuvres, puis celle où il progressa et signait AVB, puis AB au moment où, fortement inspiré par l'Art Japonais, son trait devint gracieux. Tout d'abord tenté par les vases de l'Antiquité grecque, ce fut l'influence du Shunga, Art érotique japonais, qui lui attira nombre de détracteurs, autant que d'amateurs...
"Le piège des vendanges" 1894 |
La plupart des oeuvres de l'artiste sont exécutées à l'encre de Chine, et presque toutes qualifiées de décadentes, car réellement obcènes, mais Beardsley se complaisait dans le grostesque.
Beardsley illustra la première édition en français de la célèbre pièce "Salomé" d'Oscar Wilde, où loin des sources bibliques, l'héroïne était une femme fatale de la fin du XIXe. Beardley refletait parfaitement l'esprit de Wilde. Puis l'artiste commis d'autres oeuvres, car caricaturiste de talent, il ne manquait pas de croquer les hommes politiques de son époque. Mais il revint à sa noirceur pour "Lysistrata" d'Aristophane.
Salomé "La Robe-Paon" 1896 |
"John et Salomé" 1896 |
Célèbre pour avoir créé l'inovant "Yellow Book", magazine où il était directeur artistique, Beardsley en fut renvoyé lors du scandale du procès d'Oscar Wilde dont il était proche. Cependant les illustrations de "Salomé" éxposées à Paris furent un immense succès. Puis l'artiste travailla pour les magazines "The Savoy" et "Studio", concurents du "Yellow Book".
Venu sur la Côte d'Azur pour se soigner, Beardsley était atteint de tuberculose depuis plusieurs années, il mourut dans une chambre de l'Hôtel Cosmopolitan à Menton, le 15 mars 1898. L'artiste avait 25 ans. Anglican converti au Catholicisme, Beardsley demanda sur son lit de mort que ses illustrations érotiques soient détruites, mais son éditeur refusa. Son oeuvre eut un impact tel que même Walter Crane et William Morris en furent influencés.
Comme je suis heureuse de te retrouver ma chère Nathanaëlle ! Avec comme toujours, un billet complet, très bien renseigne et merveilleusement illustré.
RépondreSupprimerCe sont souvent ces personnages très doués, multi facettes, complexes et extrèmement denses qui ont une vie compliquée et disparaissent très tôt ...
Je t'embrasse et te redis ma joie de te retrouver enfin !
Coucou ma jolie Fée !
SupprimerJe suis heureuse de te retrouver aussi, tes ennuis informatiques sont donc terminés, j'espère que ce n'était pas trop grave. En effet, bien des artistes aux talents prodigieux ont de vies écourtées, je pense à Rimbaud, mort à l'age de 37 ans, ou Van gogh mort au même age...
Bisous Fée Ariane et à très vite sur ton blog !
En lisant ton billet, je ne peux m'empêcher de m'apercevoir que j'ai vu ces images des dizaines de fois dans ma vie, et pourtant je ne savais rien de l'artiste qui les a créées... Merci d'avoir combler ma lacune.
RépondreSupprimerCoucou Tsuki,
SupprimerEn effet, j'ai eu la même impression que toi il y a quelques années lorsque j'ai découvert Aubrey Beardsley, j'avais le sentiment de connaitre son oeuvre avant de savoir qui était cet artiste. Et quand on se penche sur son histoire, c'était un surdoué avant-gardiste.
Bisous, fais un gros calins à tes beaux félins de ma part.
Amazing prints Nathanaelle. I especially like the ones from the Jugendstil period. They appeal to me very much.
RépondreSupprimerHave a lovely new week!
madelief x
Good evening Madelief,
SupprimerYes, Jugendstil period is also one of my favourite. I remember a book, when I was a child, where there were lots of Aubrey Beardsley's illustrations, and I found them very beautiful.
I like Vienna in Austria, because this wonderful city has many Jugendstil decorations.
Nice week Madelief !
Nath x
Une découverte totale pour moi !
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup la sanguine?, portrait de Rejane !
Belle semaine à toi
Bises
Coucou Martine,
SupprimerCe portrait est fabuleux, il y a une lumière subitle sur le visage, on voit Réjane sur scène, éclairée par les feux de la rampe. Il avait du talent Beardsley !
Bisous Martine et belle semaine !
It is always a pleasure to come here to you. It's a beautiful walk in the world of art.
RépondreSupprimerThank you for showing us these works.
Greetings from Hilda
Thank you for your visit Hilda, you are welcome.
SupprimerGreetings and nice week,
Nath.
Je trouve sa signature d'un graphisme très original, qui se fond parfaitement à ses tableaux.
RépondreSupprimerMerci pour cette découverte
Biseeeeeeeeeeeees de Christineeeeeeee
Coucou Christineeeee,
SupprimerElle a quelque chose d'oriental cette signature, on dirait une calligraphie d'Hassan Massoudy.
Bisous et belle semaine !
Je connais certaines œuvres de cet artiste et j'aime infiniment ce style graphique. J'apprends en revanche que sa carrière fut courte, quel dommage pour nous tous ! Sa signature est étonnante, sais-tu ce qu'elle signifie ? Merci Nathanaëlle. Bises. brigitte
RépondreSupprimerCoucou Brigitte,
SupprimerL'artiste était assez eclectique, à l'instar de son style qui a varié, de l'Art Nouveau il passait à l'Art Japonais, au médiéval... il a illustré nombre de pièces, de romans, de contes pour la jeunesse, mais il aussi crée des illus pour adultes, certaines dans le registre de Sade.
A l'instar de quelques peintres Préraphaélites, Beardsley a crée un emblème en guise de signature, (comme Hunt) peut-être en hommage à Edward Burnes-Jones qui l'avait encouragé à entrer dans une école d'Art. Une sorte d'Ex-Voto artistique, en quelque sorte. Les fondateurs du Préraphaélime (dont Hunt, Millais et Rossetti) signaient leurs toiles "PRB" (Préraphélite Brotherhood) et Beardsley "AVB" (Aubrey Vincent Beardsley), lettres qu'il a, par la suite, magnifiquement stylisées.
Bisous Brigitte et belle semaine !
Un peu comme Tsuki, j'ai déjà plus ou moins vu certaines de ces images, sans avoir eu la curiosité de m'informer sur leur auteur. Peut-être parce que les dessins en N&B m'attirent moins que les tableaux en couleurs.
RépondreSupprimerGrâce à toi, Nathanaëlle, je découvre qui était Beardsley et l'occasion m'étant donnée de regarder plus attentivement les femmes des illustrations de la « Salomé » d'Oscar Wilde, il me semble qu'elles ont dû inspirer le dessinateur de la Reine pour le Blanche-Neige de Disney... Qu'en penses-tu ?
Quoi qu'il en soit, grand merci pour ce billet éclairant, à la fois sur l'œuvre et sur l'artiste. Tu es un professeur épatant, Nathanaëlle :)
Bisous enchantés
Coucou Tilia !
SupprimerEt vi ! Ses illus courent partout, on les connait sans pour autant nommer le créateur. J'avais un livre de lecture, quand j'étais p'tite lol, et j'aimais bien ses vignettes, il y a quelques années, je me suis penchée sur le cas "Beardsley" grâce à un livre en anglais où il y avait des vignettes style ex-libris. Ah c'était un original cet artiste, un vrai dandy qui ne portait que des costumes gris tourterelle et des gants jaunes.
Je n'avais pas songé à la reine Maléfice, ce sont les grandes manches noires qui t'ont fait penser au graphisme de ce personnage ? lol
Prof ? oh nan, je suis juste curieuse lol
Bisous d'Automne (la nature commence à devenir hyper jolie ! C'est en retard cette année ! )
Merci pour ce bel article, je n'avais jamais eu la curiosité de me pencher sur cet artiste, merci!
RépondreSupprimerBonjour Eimelle,
SupprimerUn artiste surdoué, au style très avant-gardiste, il a également inspiré l'Art des affiches de son époque en France.
Belle semaine Eimelle
C'est grâce à notre professeur d'arts plastiques que nous avons découvert cet artiste.
RépondreSupprimerA l'exception d'une personne qui a travaillé dans l'édition nous ne connaissions pas Beardsley dans notre atelier bien que son oeuvre nous était familière.
Je me suis donc mise devant mon ordi pour en savoir+
et j'ai découvert votre site avec ravissement je tenais ici à vous en féliciter et vous en remercier
Merci à vous, bienvenue sur mon blog et merci pour votre visite et votre si gentil commentaire !
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