Karl Nordström "Le Vieux Pont de Grez" |
Autrefois appelée Grès-en-Gâtinais, Grez-sur-Loing, (commune de Seine et Marne, sur le Canton de Nemours, près de Fontainebleau, et au Sud de Barbizon) est bien connue des amateurs de peinture de plein air du XIXe siècle dans les Pays Scandinaves, en Grande-Bretagne, au Japon ou aux Etats-Unis. En effet, à cette époque, les jeunes artistes venaient du monde entier étudier dans les ateliers parisiens. Dès le printemps, ils désertaient la capitale afin de peindre sur le motif. Outre les monuments anciens, la lumière exceptionnelle offerte par la présence simultanée de l’eau et de la forêt proche de Grez séduisait les artistes.
Carl Larsson "L'Etang de Grez" |
Tout commença en 1860 où deux événements eurent une influence prépondérante sur la vie artistique qui se développa à Grez pour le demi siècle qui suivit : l’achat et l’aménagement de l’Hôtel de la Marne par M et Mme Chevillon, devenu "Hôtel Chevillon", et l’inauguration de la gare de chemin de fer "Bourron-Marlotte-Grez" en octobre 1860.
Carl Larsson Les Glaieuls" ou "Les Choux" à Grez |
"Le jardin de l'Auberge Chevillon descend en terrasses jusqu'à la rivière, il voisine un pré pour les chevaux, un potager, un verger et une étendue de gazon bordée de joncs agrémetée d'une tonnelle. Sur l'autre rive, s'étend une plaine plantée à profusion de saules et de peupliers. La rivière est claire, profonde, bordée de roseaux et couverte de nénuphars."
Christian Skredsvig Etang en Norvège |
1860 : les premiers séjours d'artistes...
Grez fut découvert, entre autres, par Jean-Baptiste Corot dont le "Pont de Grez" à l'arche abimée, (Currier Gallery of Art de Manchester - New Hampshire), date du début des années 1860. Il y invita son ami Constant Dutilleux. Le village reçut la visite de Caran d’Ache, des frères Goncourt, dont Jules le graveur, puis Maurice Lacarrière, Olivier de Penne, Maurice Jacque, Camille Pissarro, et Jean Charles Cazin qui entraîna les premiers artistes étrangers dont les frères Italiens Lapizzi, l'Anglais Sargent, le Suisse Léon Delachaux...
"Ce vieux pont, accroché sur les cimaises du monde entier..." Ainsi s’exprimait Robert-Louis Stevenson, auteur de "l’Ile au Trésor", venu rejoindre son cousin, le peintre écossais Robert Allen Stevenson.
Carl Larsson "Karin à Grez" |
Années 1870-1880 : les Artistes Scandinaves s’installent à Grez sur Loing
Entre 1870 et 1880 la colonie des artistes scandinaves arriva à Grez : les précurseurs furent les norvégiens Christian Skredsvig et Christian Krohg, vite rejoints par le suédois Karl Nordström qui à son tour invita Carl Larsson. Ce dernier y rencontra sa future épouse, l’artiste Karin Bergöo, présente avec son amie Julia Beck. Bruno Liljefors les retrouva avec Ernst Lundström, Oscar Björck, Peter Severin Kroyer... Ainsi que l’écrivain August Strindberg.
Bruno Liljefors "Chat Dormant" |
Durant cette décennie, F. B. Chadwick et son épouse Emma Löwstädt achetèrent la pension Laurent pour continuer à accueillir les artistes. La colonie scandinave comprenait un nombre important de jeunes femmes. Paris était à l’époque, semble-t-il, le seul site où les femmes étaient autorisées à travailler dans les ateliers ! De ce fait, quelques d’idylles naquirent, suivies de mariages comme ceux de l’américain F.B.Chadwick et de la suedoise Emma Löwstädt, du canadien W.Blair Bruce et de Caroline Benedicks, de Robert Louis Stevenson et de l'artiste californienne Fanny Osbourne, et du couple suedois Carl et Karin Larsson. Les artistes suédois, à l’instar de leurs collègues français, créèrent le Salon des Opposants qui fut évidemment très critiqué.
Carl Larsson "Mère Morot à Grez" ou "Les Potirons" D'après un croquis de Karin Bergoo Larsson |
La peinture en camaïeu de gris semble avoir été une caractéristique des peintres de Grez. Le paysage, par sa nature même, semble bien avoir invité à ce genre de peinture.
"Point d’ombres prononcées, point de lignes dures, l’air aux teintes de violette est presque toujours brumeux, les objets se fondent, moins cependant que dans les paysages de Corot..." Ainsi s’exprime August Strindberg dans le deuxième chapitre de son livre "Parmi les paysans français", consacré au village de Grez, avec le regard aigu du peintre qu’il deviendra par la suite.
Peder Severin Kroyer ne fit qu'un court séjour à Grez afin de retrouver ses amis artistes.
Peder Severin Kroyer Konsnarsfrukos i Grez" |
Sur cette toile de Peder Severin Kroyer: la brune Karin Larsson est assise de dos, à sa droite: son mari Carl, près de Carin Arosenius, l’homme à la cigarette est Oscar Björck. A gauche de Karin, Karl Norström, C.W. Jaensonet puis Bruno Liljefors. Au fond, sur les panneaux des murs de la Salle de l'Auberge de Grez, on distingue les pochades rapidement et habilement exécutées par les artistes, passe temps des jours de pluie.
Peder Severin Kroyer "Hip hip Hourra !" Skagen 1888 |
1890 : la colonie japonaise couvre le villa
Ce sont plus de 20 artistes japonais qui résidèrent à Grez entre cette décennie et 1914.
En 1868 débuta l’ère Meiji. L'empereur reconnaissait que son pays avait plusieurs siècles de retard dans tous les domaines, il incita ses sujets à parcourir le monde pour rapporter au Japon leurs nouvelles connaissances. Les artistes n’échappèrent pas à la règle et bien entendu, se rendirent dans la capitale des Arts. Le premier à fréquenter Grez à partir de 1888 fut Kuroda Seiki. Le deuxième grand artiste japonais à avoir assidûment fréquenté Grez fut Asaï Chu qui travailla dans l’atelier de céramiques d’Albert Boué à Montigny sur Loing, à 4 kilomètres de Grez. Le Japon vénère le petit village de Grez pour l’influence qu’il a eue sur l’évolution de l’art pictural nippon. Il est intéressant d’observer combien les japonais furent inspirés par les Impressionnistes alors que ces derniers et leurs successeurs l’ont été eux-mêmes par le Japonisme.
Source : site de Grez et docs personnelsEn 1868 débuta l’ère Meiji. L'empereur reconnaissait que son pays avait plusieurs siècles de retard dans tous les domaines, il incita ses sujets à parcourir le monde pour rapporter au Japon leurs nouvelles connaissances. Les artistes n’échappèrent pas à la règle et bien entendu, se rendirent dans la capitale des Arts. Le premier à fréquenter Grez à partir de 1888 fut Kuroda Seiki. Le deuxième grand artiste japonais à avoir assidûment fréquenté Grez fut Asaï Chu qui travailla dans l’atelier de céramiques d’Albert Boué à Montigny sur Loing, à 4 kilomètres de Grez. Le Japon vénère le petit village de Grez pour l’influence qu’il a eue sur l’évolution de l’art pictural nippon. Il est intéressant d’observer combien les japonais furent inspirés par les Impressionnistes alors que ces derniers et leurs successeurs l’ont été eux-mêmes par le Japonisme.
Asaï Shù Village de Kotaba - Japon 1893 |
à suivre : article sur Carl Larsson à Grez...
Peder Severin Kroyer "Ved Frokosten" (Au cours du Déjeuner" 1883 |
A propos de "Ved Kroskosten" : Cette peinture figurait sur l'un des panneaux de la Salle à Manger de l'Hôtel Brondum à Skagen (on peut donc imaginer la même scène à l'Hôtel de la Forêt à Gretz sur Loing), elle fut transférée pour être offerte au Musée de Skagen en 1946.
Charles Lundh assis de dos, puis de gauche à droite : Eilif Peterssen, W. Peters, debout : Michael Ancher, Degn Brondum, Johan Krouthén, Oscar Björck et Christian Krohg
Edit de juillet 2015 :
Je remercie la personne anonyme qui m'a signalé mon erreur à propos de Ved Frokosten, vous auriez été plus aimable et correct, j'aurais publié votre commentaire.
Merci pour toute cette documentation, j'ai beaucoup appris par votre article. Beau blog !
RépondreSupprimerVolvo
Ravie de découvrir ce billet joliment illustré, j'y renverrai lorsque je rendrai compte de "Sundborn ou les jours de lumière" (Delerm) que je viens de relire.
RépondreSupprimerEt je reviendrai feuilleter ici - même le poisson d'avril y est délicieux.
Merci pour ces commentaires. Je débute avec les peintres norvégiens !
RépondreSupprimerMerci pour ce beau blog.
RépondreSupprimerExiste-t-il un livre qui regroupe ces aquarelles?
Merci
Tres beau reportage....Catl Larsson.me plait bien et Gretz aussi
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