Femme dans un Interieur au Strandgade 30 vers 1905 |
La première fois que j'ai admiré une oeuvre du Réaliste Vilhelm Hammershoi, c'était lors de l'exposition Scandinave au Petit Palais, il y a quelques années. J'ai tout de suite été séduite par le style et l'ambiance particulière du tableau. Il s'agissait des "Bâtiments de la Compagnie Asiatique" 1902.
Les Batiments de la Compagnie Asiatique" 1902 |
Wilhelm Hammershoï compte parmi les talents les plus originaux du XXe siècle, et reste une icône nationale au Danemark. Peintre de l'intérieur et de l'intériorité humaine, sa notoriété s'est affirmée dans les années 1880.
Femme en intérieur vers 1900 |
Les tableaux énigmatiques d'Hammershoi sont célèbres pour leur représentations d'intérieurs vides ou habités la plupart du temps par des sujets féminins ou adolescents souvent tournés vers des murs clairs et nus, (Hammershoi a sans doute inventé le portrait de dos, comme il existait un portrait de face ou de profil) les sujets favoris sde l'artiste sont ces êtres au regard plongé dans des reflexions intimes, ces enfilades et perspectives de portes ouvertes... Ces fenêtres... Ces contrejours...
Interieur, fenêtre ouverte, Strandgade 30 908 |
"Interieur avec Couturière au 30 Strandgade" 908 |
Pour la plupart des oeuvres, la palette d'Hammershoi se deploie dans les tons gris bleutés, gris violacés, blancs et bruns. Hammershoi peignit ainsi portraits, architectures et paysages... Ces toiles baignent toutes dans une atmosphère irréelle, tantôt brumeuse ou à la luminosité étrange, dénuée de toute action précise, sans autre anecdote que l'image ou le temps suspendu. Hammershoi semble être un descendant de Vermeer, artiste mélancolique obnubilé par le vide, et pourquoi pas précurseur de Hopper ?
"Intérieur avec femme au piano, 30 Strandgade" 1901 |
Vilhelm Hammershoi naquit le 15 mai 1864 à Copenhague, il fut formé très jeune à l'Art du dessin par d'excellents professeurs, dont certains très réputés au Danemark. De 1879 à 1884, le jeune homme fréquenta l’Académie des Beaux-Arts de Copenhague, et suivit quansiment en même temps, c'est à dire de 1883 à 1885, les cours d'Ateliers libres, dispensés sous la direction de l'artiste Peder Severin Kroyer.
Interieur avec jeune homme lisant, 1898 |
En 1887, Vilhelm Hammershoi voyagea en Hollande et en Belgique. Trois ans plus tard, il présentait 4 toiles à Paris lors de l’Exposition Universelle de 1900.
Après un refus essuyé en 1901 pour l’Exposition officielle de Charlottenborg, il fut amèné à constituer une Société d’Artistes Indépendants, saluée par le critique français Théodore Duret et, plus tard, par le poète Rainer Maria Rilke. Celui-ci vint le rencontrer à Copenhague dans sa maison située au 30 Strangade, et l'artiste pu par la suite le compter au nombre de ses admirateurs.
Dès ses premières expositions, la qualité unique de la peinture d'Hammershoi fut perçue par les collectionneurs dont Alfred Bramsen, qui dès 1888 acheta des tableaux de l'artiste. Au fil du temps, cette collection réunit un ensemble exceptionnel.
Nourri par la peinture de Christoffer Wilhelm Eckersberg (1783-1853) et par les grands maîtres de l’Âge d’Or Danois, tout comme par l’Art de Vermeer dont la redécouverte était récente, Vilhelm Hammershoi construisit dans une palette limitée et une extraordinaire concentration de moyens, un univers de dépouillement, d’intériorité et de silence, aussi bien dans ses paysages, que dans ses scènes d’intérieur, ses architectures et ses portraits.
Le cinéaste Carl Theodor Dreyer (1889-1968) appreciait grandement l'oeuvre d'Hammershoi qui influença son cinéma.
Vilhelm Hammershoi déceda le 13 février 1916 dans sa ville natale de Copenhague.
Vilhelm Hammershoi déceda le 13 février 1916 dans sa ville natale de Copenhague.
Touché par Hammershoi, Philippe Delerm lui a consacré un ouvrage : "Intérieurs" paru en avril 09 aux Editions Elytis, où il entre dans l'intimité de cet artiste :
«A travers la fenêtre. Un bateau pour partir, ou bien pour signifier que tout départ est impossible. Les voiles repliées, pas un souffle de vent, à peine un écho argentin dans les poulies, tout en haut des gréements. La mer n'a pas de vagues, aucun courant.» Philippe Delerm rentre ici dans l'intimité d'un des plus grands peintres danois qui le touche particulièrement : Vilhelm Hammershoi (1864-1916). En observateur zélé, nanti de cette acuité toute animale, il s'immisce dans les toiles du peintre pour mieux nous raconter ce qu'il a vu et qui nous aura échappé. Déambulant dans cet intérieur - celui de la propre maison du peintre -, dans une demi-lumière qui préserve le secret, Philippe Delerm nous offre un texte qui réussit le tour de force de nous réapprendre à observer, éclaircissant la palette de ce peintre de l'intime, que d'aucuns qualifient comme le Vermeer Danois".
Texte de la 4e de couverture d'Intérieurs - Edition Elitys (la précédente édition avec les photos de tableaux parue chez Flohic est hélas épuisée)
Le Cabinet de Musique 1907 |
Merci de me faire découvrir cet artiste que je ne connaissais pas. Ma préférence va vers les oeuvres sans personnage : les bâtiments de la compagnie asiatique, la danse de la poussière...Je trouve que les blancs et les gris sont pour beaucoup dans ce choix et ce travail apporte la lumière. Oui je suis d'accord avec toi on retrouve beaucoup de Vermeer et aussi de Hopper, cette peinture me touche beaucoup.
RépondreSupprimerbisous ma Belle
Danielle
Hammershoi précurseur de Hopper, j'y pensais à l'instant, juste avant de le lire ! Si j'osais, je dirai que l'ambiance des tableaux d'Hammershoi a quelque chose de japonais. Dans l'esprit et quelque fois dans la forme, la "La Danse de la Poussière dans les Rayons du Soleil" par exemple.
RépondreSupprimerEt bien sûr, comme tu le fais remarquer, il y a du hollandais chez Hammershoi, mais je pense plus à Hoogstraten, avec ses enfilades de pièces. Bon, il manque un balai et un chien, mais c'est pas grave, hein ?! :D
Quant au "Bâtiments de la Compagnie Asiatique", il me fait irrésistiblement penser à ce Friedrich. Pas toi ?
Il y aurait encore plein de choses à dire, comme toi j'aime Hammershoi, mais il se fait tard.
Bisous, à tantôt
Je suis toujours aussi fan de ton blog, continue de nous faire connaitre tous ces artistes et de nous apprendre à regarder.
RépondreSupprimerBisous
Sofia
Sublimi Nath!
RépondreSupprimerun forte abbraccio
Matteo
What a marvelous use of light. I would aspire to paint like this, but I am far too interested in loads and loads of color in my work. Maybe in another life.
RépondreSupprimerDear Nathanaelle,
RépondreSupprimerI can imagine why you fell in love these paintings. They all look so quiet, sometimes even like photographs...and those faded colours... Very pretty!
Wish you a lovely weekend,
Madelief x
Bonsoir Nathanaëlle,
RépondreSupprimerJe te remercie de ce très beau billet! Les tableaux que tu as choisis sont magnifiques, tout est magique dans le jeu des ombres et de la lumière! Cela me revoit à la douceur d'un voyage au Danemark il y a quelques années déjà...
Bisous et très belle soirée
@ Danielle :
RépondreSupprimerOui les oeuvres sans pesonnages sont, j'allais dire, plus percutantes, presque plus intenses, elles parlent d'avantage... j'aime ses intérieurs nordiques, dans les tons de blanc, c'est sublime, et cette lumière... wow !
Dire que Hammershoi a influencé Edward Hopper à vrai dire je ne sais pas, mais ces deux artistes ont une sensibilité et un sens de la mise en scène communs. Hopper, malgré sa palette plus étendue et plus colorée, est à mes yeux, franchement plus mélancolique qu'Hammershoi. Hammershoi a quelque chose qu'Hopper n'a pas, mais cela reste subjectif lol.
Bisous merci pour ta visite, je te prépare une surprise pour te remercier de m'avoir décerné un Kréativ..RV demain...;)
Kiss
Nathanaëlle
@ Tilia :
Et vi! lol Je n'avais pas fait ce rapprochement, mais il y a une certaine zenitude dans ces tableaux d'Hammershoi. Ce que je disais à Danielle, il y a un instant : J'ignore à vrai dire si Hopper a été influencé par Hammershoi, mais leurs oeuvres s'appelent... Bien que la palette d'Edward Hopper soit un peu flashy lol
Samuel van Hoogstraten est plus coloré, je trouvé lol et il y a parfois plus de monde chez lui lol, on y voit des bougeoirs, des pantoufles... des châles qui trainent...les enfilades de pièces sont certainement une particularité des intérieurs du Nord, jusqu'au 19e siecle.
Oui les tons de ce tableau de Caspar Friedrich sont tout à fait dans la palette d'Hammershoi, parfois certaines oeuvres en appellent d'autres, peintes par des mains différentes...tiens, cela me donne subitement une idée pour un prochain billet, (Roohoooo ! merci Tilia !)
Bisous et belle nuit...
Nathanaëlle
@ Sofia :
Merci ma biquette, ton interet me touche.
Belle soirée,
Bisous
Nathanaëlle
To Matteo :
Grazie mille ! Hammershoi is sublimi ! Lights, colors...atmosphères..
Baci baci !
Nathanaëlle
To Jeri :
The illustration for the youth is a different domain, we have to emphasize the color but nothing prevents this work of color for the other tries. The work of the artists of the North is always very enriching with and by the light...
Nice evening xxx
Nathanaëlle
To Madelief :
I love these paintings for lights and atmosphères, they are wonderful isn't it ?
Lovely long week-end (Oops I have forget : monday will be the 15 th august ! Assomption Feast, time is going fast ! )
Amitiés xxx
Nathanaëlle
@ Kenza :
Merci pour ta visite, je suis toujours très contente de lire un commentaire de ta part. Les jeux d'ombres et de lumières sont d'un raffinement sublime, Hammershoi a dû travailler dur pour arriver à ce résultat d'une incroyable beauté.
Bisous et à très vite j'espère,
Très beau week-end !
Nathanaëlle
Je me souviens très bien de cette exposition intitulée il me semble Lumière du nord.
RépondreSupprimerIl y a eu ensuite une exposition à Orsay ce qui nous vaut maintenant de pouvoir admirer à Orsay le tableau Repos.
On dit que Hammershoi aurait "inventé" le portrait de dos?
Comme toujours ici de beaux billets.
Bises et bonne fin de journée
J'aime énormément ces peintures, cette espèce de silence qui y règne est à mon goût, très apaisant.
RépondreSupprimerBises et belle soirée Nathanaëlle. brigitte
Ses tableaux sont à la fois doux et froids, mais quelle lumière !
RépondreSupprimerBon dimanche!
@ Françoise :
RépondreSupprimerOuiii c'est cela : "Lumières du Nord" au Petit Palais, cela remonte à ouchlalala... à une autre vie ! lol Expositon inaugurée par la Reine Margrette II de Danemark et le président Mitterand. Ce fut grâce à mon prof de dessin que j'ai connu cette expo, il m'avait présenté le papa du Conservateur du Musée, Monsieur Imbert, et grâce à ce contact, j'ai eu le privilège d'explications, j'étais aux anges, ce qui m'a permis de retenir beaucoup de choses. Je suis retournée voir cette expo au moins 4 fois, non 5 je crois... (j'étais Parisienne à ce moment là, donc sur place lol)
Hammeshoi "serait" à l'origine des portraits de dos, mais rien ne le prouve, je l'ai entendu dire plusieurs fois, lu aussi, je me suis donc permis de l'écrire dans ce billet. pardon si ce n'est pas une affirmation...oops..
Je ne le certifie pas 100%.
Bisous et belle fin de week-end.
Nathanaëlle
@ Brigitte :
L'atmosphère d'Hammershoi est particulièrement douce et sereine, elle peut paraitre étrange, mais pas triste, elle ne peut laisser indifférent. Comme toi, je l'aime beaucoup.
Bisous et belle find eWE,
Nathanaëlle
@ Enitram :
Lumières du Nord...Fantastique, incroyable, superbe de délicatesse... Le Nord a donné le jour a des artistes extraordinaires... Hammershoi peignait surtout la lumière et son pinceau a su jouer avec elle de manière magistrale.
Bon lundi !
Amitiés
Nathanaëlle
Mais oui sur le site du Musée d'Orsay aussi ils disent qu'il aurait inventé le portrait de dos.
RépondreSupprimerJe ne mettais pas du tout en doute ce que tu disais!!!
Bon lundi
Merci Nathanaëlle de me faire découvrir ce peintre. J'ai été saisie par la force du silence qui en émane tout comme des tableaux de Vermeer. Le temps semble s'être arrêté et les lieux et les gens attendent on ne sait quoi. En lisant tes commentaires toujours très instructifs et sachant à quel point les paysages déterminent les modes de pensée de ceux qui y vivent je songe au silence et aux couleurs feutrées que crée la neige et qui m'éclairent d'un jour nouveau ces tableaux.
RépondreSupprimerAmitiés.
@ Françoise :
RépondreSupprimerC'est vrai ? Je vais aller voir... Bon si eux le disent, ce doit être vrai..lol Ah mais si, au contraire, tu peux te poser des questions, on a le droit ! lol quand je publie une biographie d'artiste, je fais en sorte de ne pas écrire de bétises, c'est pourquoi j'avais employé le conditionnel avec "aurait inventé le portrait de dos" car c'est un souvenir de discussion et de cours mais aucun écrit ne me confortait dans cette idée.
Bisous et belle semaine !
Nath.
@ Marisol :
J'aime beaucoup ton terme de "force du silence" c'est tout à fait cela ! Ses silences sont puissants mais d'une finesse rare. les atmosphères d'Hammershoi sont merveilleusement réussies, la lumière est juste, il y a laissé l'empreinte de son âme...
Bises et amitiés
belle semaine !
Nathanaëlle