mercredi 9 février 2011

LA "SLAVITUDE" D'OLGA BOZNANSKA

Kapeluzu (Le Chapeau)

Une palette aux harmonies subtiles, une facture à la fois naturelle, dynamique, enlevée, néanmoins suave, parfois éthérée, mais recherchée, presque sophistiquée, voire spirituelle, grâce à laquelle on perçoit très fortement une personnalité Slave, d'où ces contrepoints de tons parfois toniques, mélés à une mélancolie perceptible. L'oeuvre d'Olga Boznanska ne peut pas laisser indifférent.


La facture n'est parfois pas sans rappeler celle de Whistler, avec quelque chose de Marie Laurencin, mais ceci reste une impression personnelle.

Autoportrait pinacothèque Rascianeck

Olga Boznanska, peintre du mouvement Mloda Polska (Jeune Pologne), naquit le 15 avril 1865 au 21 ulica (rue) Wolska aujourd'hui rue Pilsudski à Cracovie, ainée des deux filles d'Adam Boznanski Nowina, ingénieur des chemins de fer diplomé de l'Université Technique de Vienne (Autriche), et de son épouse Eugenia Boznanska Nowina Mondan. Eugénia Mondan était de nationalité française. Peut-être fut-ce la raison pour la laquelle sa fille fut plus tard attirée par Paris. La jeune soeur d'Olga, Isabel, pour sa part, se consacra à la musique.

Zamyslona (Pensive)

L'enfant très tôt douée pour le dessin, à l'instar de sa mère qui lui inculqua sans doute son goût pour les Arts, en lui donnant ses premiers cours, entreprit sa formation dans les ateliers de Jozef Siedlecki, d'Hipolit Lipinski, puis de Kazimierz Pochwalski. Elle intégra plus tard le Cours d'Adriana Baraniecki avant de partir, à l'âge de 19 ans, en 1886 pour Munich, où demeurait une communauté d'artiste Polonais, (c'était aussi la ville où Gustave Courbet avait percé bien avant d'être reconnu en France). Or à cette époque, l'Académie des Beaux-Arts n'acceptait pas les femmes ! (Ah des "Madame Sourdis", -personnage d'un roman de Zola- il a dû y en avoir des floppées en ce temps, artistes talentueuses obligées de taire leur passion ! Ou de laisser signer leur mari à leur place comme madame Sourdis... Colette, par exemple, dans un autre domaine. Mais ceci est un autre débat, pardon de déborder..) Donc Olga Boznanska fût obligée de s'inscrire dans les écoles privées de Munich, chez Kricheldorf, peintre médiocre mais néanmoins excellent professeur et de Karl Wilhelm Dürra. Puis, l'élève dépassa ses maitres....

Huile sur toile 1891

En 1892, la mère de l'artiste déceda. Olga perfectionna ses connaissances d'atelier en copiant les oeuvres des maîtres anciens à la Pinacothèque de Munich et les tableaux de Vélazquez à Vienne, où elle ouvrit son premier atelier sous la tutelle de Jozef Brandt et Alfred Wierusz-Kowalski.

Macierzynstwo (Maternité) 1902

En 1895, elle remplaça Théodore Hummel, et prit la direction de l'Ecole de Peinture de celui-ci. En 1896, le peintre créa son propre studio et commença à exposer des œuvres à Munich, Varsovie, Berlin et Vienne. Deux ans plus tard vinrent les premiers succès. Dès ses premières œuvres, l’artiste tenta de révéler les aspects psychologiques de la femme.

Portrait du peintre Paul Nauen - 1893

Pour le portrait du peintre Paul Nauen, elle reçu des mains de l'archiduc Karl Ludwig la Médaille d'Or de Vienne, et fut récompensée à Londres pour le "Portrait de Miss Mary Brême". La même année, le jury de la Société des Beaux-Arts de Paris lui consacra une exposition, elle qui avait été refusée dix ans plus tôt à Munich, et dont la Pologne n'aimait pas les oeuvres.

Cyganka

En 1898 elle s’installa définitivement à Paris, et devint membre de "Sztuka", l’Association des Artistes Polonais. Dès son arrivée dans la capitale française, l’artiste se focalisa sur l'étude de la nostalgie, (particularité du caractère slave) ainsi que sur ses visages aux tonalités pâles... Boznanska peignit aussi des paysages, son atelier, des natures mortes, en particulier des fleurs. Toutefois, ces sujets restèrent en marge de l’univers des sentiments que l’artiste affectionnait.

"Paris, Dôme des Invalides"


En 1900, Olga reçut la médaille d'or de la New Gallery de Londres, et obtint un prix lors de l'Exposition Universelle de Paris, mais la même année, ce fut la rupture avec son compagnon, le peintre Joseph Czajkowski. A partir de 1901 elle fut membre de la Société Nationale des Beaux-Arts de Paris.


l'Ombrelle

Boznanska navigua d'une manière très habile entre ses deux cultures et ses deux pays, la France et la Pologne. Elle fut récompensée en 1910, pour l'ensemble de son oeuvre par la Légion d’Honneur, et en 1938, elle reçut la plus haute distinction polonaise : la Polonia Restituta. Olga Boznanska est considérée avant tout comme un peintre portraitiste. Son œuvre est fondée sur une connaissance parfaite des sujets qu’elle peignait.

Bretonka (Bretonne) 1889

Bretonka 1890

En 1901, Olga exposa pour la première fois à Pittsburgh. Le gouvernement français fit l'aquisition des deux portraits "Bretonne". En 1906, son père déceda. Un an plus tard, l'Institut Carnegie de Pittsburgh lui décernait sa médaille d'argent. En 1912, elle représenta la France lors d'une exposition à Pittsburgh, avec Claude Monet et Auguste Renoir. A l'Exposition Internationale d'Amsterdam, l'artiste remporta la médaille d'argent. En 1914, la Warsaw School of Fine Arts lui offrit un poste de professeur.

Kwiaty (fleurs) huile sur carton

Puis, la renommée d'Olga Boznanska baissa lentement. Moins de commandes de portraits... Sa principale source de revenus fut la location de sa maison de Cracovie. Pourtant, le Musée de Cracovie commençait à acheter ses toiles. En 1937, elle reçut le Grand Prix lors de l'Exposition Universelle de Paris. À la Biennale de Venise de 1938, elle vendit cinq tableaux, dont le Portrait de Dygatowej, acheté par le roi d'Italie. Ce fut son dernier succès. Deux ans plus tard, le 26 octobre 1940, elle disait adieu à ce monde. Olga Boznanska résida à Paris jusqu’à la fin de ses jours mais garda un contact permanent avec Cracovie. Elle reste l'artiste la plus célèbre et la plus appréciée des amateurs d’Art de la Pologne.


Kwiaciarki (les Fleuristes)
L'Oeuvre "Fleuristes" date de 1889, à l’époque de ses études. Inspirée par l’art japonais très à la mode à la fin du XIXe siècle, Olga Boznanska présenta avec ce charme qui lui était propre trois petites filles confectionnant des compositions florales. Les influences du Japonisme se manifestent dans la délicatesse du dessin, la coiffure des jeunes filles, le pot de fleurs et d’autres éléments justement accentués.

Japonka

"Autoportait à l'Ombrelle" (1892) résulte également de la fascination de Boznanska pour l’Art japonais : silhouette de femme assise sur le parapet d’une fenêtre ouverte. L’originalité de son œuvre se situe dans la pose du modèle et les luminosités de contre jour.

Imieniny Babuni (l'Anniversaire de Grand-Mère)

Une autre scène, peu banale dans sa conception, provient de l’époque de son séjour à Munich, et porte le titre "Imieniny babuni". Une petite fille offre un bouquet de fleurs à sa grand-mère. Olga Boznanska utilisa une gamme de couleurs délicates, le vert et le blanc posés d’une manière généreuse et épaisse, d'où l'impression de vibration, et accentuent la tristesse de l’enfant.

Dziewczynka z Chryzantemami 1894

Un sentiment très slave, à la fois sérieux et mélancolique émane de son chef d’œuvre "Fille aux Chrysanthèmes" (1894). Le gris argent domine. Le climat de ce portrait est très proche de celui des poèmes de Maurice Maeterlinck que l’artiste appréciait. L’un des critiques d’art dans la "Gazette des Beaux Arts" fit remarquer l'idéal moderne de Maeterlinck créé par Boznanska. source : wikipedia polonais pour une partie de la biographie

Sloneczniki "Les Tournesols"

Olga Boznanska était membre de Towarzystwo Artystow Polskich "SZTUKA" (Societé des Artistes Polonais), de la Société Nationale des Beaux-Arts et de la Société Littéraire Artistique à Paris et de International Society of Sculptors, Engravers and Painters à Londres. Depuis 1886, lors de ses débuts à la Société des Amis des Beaux-Arts de Cracovie, elle présenta ses œuvres aux expositions polonaises, en Europe et aux Etats-Unis, entre autres, à Berlin (1892, 1893, 1913), Munich (1893), Prague, Londres et Paris (1896), à Carnegie Institute à Pittsburgh (1901, 1906, 1907, 1920-28), à Vienne (1902, 1908), Amsterdam (1912) et à Venise (1910, 1914, 1938). Elle remporta plusieurs prix, dont la médaille d'or de l'Exposition Internationale de Munich (1905), la Légion d'Honneur française (1912), Grand Prix de l'Exposition Universelle à Paris (1937) et la médaille Polonia Restituta (1938).

Roses

8 commentaires:

  1. Voila un billet très bien documenté sur une artiste fort peu connue. Grâce à toi Nathanaëlle, je commence la journée par une découverte !
    Les tableaux d'Olga Boznanska que je préfère sont ses portraits d'enfants.
    Il me semble que les femmes peintres, en général, saisissent mieux les expressions, gestes et attitudes propres à l'enfance...

    Douce journée et beau temps chez toi
    Amitiés
    Tilia

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  2. Oh ce que c'est joli ! Oui on sent bien l'influence de Whistler, mais quel caractère !
    Merci pour cette fabuleuse découverte.
    Kiss
    Sofia

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  3. @ Tilia : Oui moi aussi, ces visages d'enfants sont frais comme le jour, ils sont beaux.
    Belle journée Tilia et merci pour ton commentaire.
    @ Sofia : oui l'artiste avait du caractère et cela se voit dans son style affirmé et passionné.
    kiss

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  4. Que de trésors chez toi sur ce billet...Je ne connais pas ces peintres.!
    Je reviendrai plus attentive .. ce soir je suis crevée à cause de gros nettoyages de jardin..
    Bisous Nathanaêlle

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  5. Dear Nathanaelle,

    I haven't seen any of these painting before. Thank you for introducing them to me!

    Happy weekend!

    Lieve groet,

    Madelief

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  6. @ Mathilde :
    Bonsoir Mathilde, merci d'être pzssée par ici malgré ta fatigue mais, le jardinage, (nettoyage ou autre) c'est merveilleux ! C'est une jolie fatigue je dirais. Olga Boznanska est une artiste "percutante", elle ne laisse pas indifférent, je te la laisse découvrir plus en détail n'hésite pas à dire ce que tu ressens.
    bises et bon repos.
    Nathanaëlle

    @ Madelief :
    Good evening Madelief, I am very happy every time you come here and happy that you like Olga Boznanska's works. This artist leaves nobody indifferent.
    Enjoy your week-end.
    Lieve Groet,
    Nathanaëlle

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  7. Coucou me revoilà...
    Je dois dire que les "petites bretonnes" peintes par une polonaise sont magnifiques...
    J' aime aussi beaucoup l' expression de ces visages d' enfants...
    Quant à "L' anniversaire de grand-mère "la toile me fait imaginer une très vieille femme..!! :-))
    Merci pour cette belle découverte...
    Bisous Nathanaëlle

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  8. En effet, il y a beaucoup de tristesse dans ce tableau de l'anniversaire, la petite fille, toute printanière autant par son âge que par sa tenue, ne sait pas comment s'adresser à la grand mère, trop triste du poids des ans, elle ne tend pas la main vers l'enfant... mais bon, l'artiste est Slave, on sait leur extrême sensibilité, apte à comprendre et aimer retranscrire ces choses là.
    Oui les enfants ont les joues roses de vie, elles sont magnifiques.
    Merci Mathilde,
    Belle journée.
    Bisous

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Merci pour votre petite touche de couleur...