La statuette de cire, haute de 105 cm, est recouverte d'un véritable tutu en gaze et soie et de vrais chaussons de danse. Ses cheveux, véritables, proviennent de chez un fabriquant de poupées anciennes. Cette statue aux nombreux exemplaires ne fut fondue en bronze qu'à partir de 1922.
La Petite Danseuse de 14 ans témoigne d'un hyperréalisme et d'un vérisme extrême. L'artiste connaisssait particulièrement le monde du spectacle, il nous montre ce petit Rat dépouillé de l'aura de la scène de l'Opéra, prêt à devenir une Etoile esclave de la discipline, ou à basculer dans une vie plus sordide. Degas poussait ainsi à bout la logique du réalisme, si en vogue par ailleurs, en dépeignant sans fard ni hypocrisie, de manière quasi scientifique, la société de son époque. L'édition en bronze qui fut réalisée après sa mort, dont la statuette du musée d'Orsay est un exemplaire, tenta de préserver au mieux les caractéristiques de la cire. La cage de verre est le seul élément souhaité par Degas lui-même, pour affirmer ainsi le statut d'oeuvre d'Art de la Danseuse. Photo Musée d'Orsay
Le Roman
Le modèle, Marie Von Goethem, fille d'un tailleur belge et d'une blanchisseuse, avait 14 ans en 1878 lorsque Degas la choisit pour poser. A l'instar de ses deux soeurs, elle etait Petit Rat à l'Opéra. L'écrivain Michel Peyramaure a publié un roman sur sa vie, ses passions et ses drames. Sorti en 2007, ce livre retrace toute la saveur de l'univers artistique de la deuxième moitié du XIXe siècle et les débuts de l'Impressionnisme.
Le Ballet (texte source Opéra de Paris)
En 2003, la création par Brigitte Lefèvre, directrice de la Danse à l'Opéra de Paris, du ballet "La Petite Danseuse de Degas"fut le fruit d’une longue histoire, dont les origines remontent à 1997, lorsque Martine Kahane, Conservateur général et directrice du Service culturel de l’Opéra de Paris, présenta au Palais Garnier une exposition sur le tutu. Peu après, le Musée d’Orsay lui demanda de travailler avec l’Atelier de couture de l’Opéra à la réfection du tutu qui habille la statue d’Edgar Degas. Les recherches qu’elle entreprit alors la poussèrent à s’interroger sur l’identité du modèle.
L’enquête révéla alors l'identité de Marie Van Goethem, née de parents belges installés avec leurs trois filles dans un quartier pauvre de Paris. Après la disparition du père, la mère, pour survivre, inscrivit ses filles à l’Ecole de Danse de l’Opéra et les fit poser dans des ateliers d’artistes. Cette fragile économie familiale s’effondra le jour où les jeunes filles, incitées par leur mère, basculèrent dans le vol et la prostitution. Cette histoire révèle les bas-fonds du commerce de l’Art et du corps, Degas fut l’un des témoins indirects et le principal médiateur jusqu’à nos jours. Marie Van Goethem compta parmi les ballerines qui défilèrent dans son atelier à l’époque où il fit de la danse son thème pictural favori. S’il aimait révéler à travers ses modèles la poésie du mouvement, il se plaisait aussi – en fin observateur de son temps – à dévoiler le travail de la société sur les corps. En témoigne cette « Petite Danseuse de quatorze ans », dont les airs à la fois innocents et arrogants, et les postures partagées entre la maîtrise et le relâchement, l’harmonie et la déformation, cristallisent si bien les contradictions de cette vie d’effort au service d’une ascension aussi hypothétique que difficile.
De multiples expositions, livres et films avaient déjà célébré Degas et la Danse, mais aucune œuvre chorégraphique ne l’avait encore véritablement fait. Le projet que Brigitte Lefèvre confia au chorégraphe Patrice Bart et au compositeur Denis Levaillant prit corps autour d’une idée centrale : traduire dans un langage scénique et musical la vie de Marie Van Goethem. D’enquête, le ballet devint une quête sur l’imaginaire de la danse à travers l’œuvre de Degas. Le récit n’était plus que le point de départ d’une exploration plus vaste sur les coulisses de l’Opéra, ces lieux chargés de mémoire qui évoquent si bien la troublante proximité du labeur et du spectacle, du sublime et de la souffrance, et dont l’œuvre de Degas est toujours le pertinent témoin. (Source Opéra de Paris)
photo Syltren "La Petite Danseuse de Degas"
Première le 26 juin 2010 à 19H30 au Palais Garnier, avec l'Etoile Claire Marie Osta dans le rôle de "La Petite Danseuse". 26 -29 juin - 1- 3-4-6-8-9-11-12-13-14 juillet. Matinée gratuite le 14 juillet.
la sculpture, le livre, le ballet ! quelle documentation, tout ce que je cherchais merci !
RépondreSupprimerBien amicalement,
Marine
C'est en lisant ton commentaire chez Marie-Josée que j'atterris ici : j'en suis ravie car tu apportes toujours tous les détails et l'historique qui me manque un peu !
RépondreSupprimerJ'avais fait un tout petit billet sur la danseuse quand j'étais allée visiter le Musée d'Orsay : je vais y rajouter un lien avec le tien (en attendant de pouvoir le faire avec celui de Marie-Josée : j'attends qu'elle donne un titre !)
Biseeeeeeeeeeeeeees de Christineeeeeeeeeee