lundi 13 janvier 2020

L'ANTIQUITE SELON SIR LAWRENCE ALMA-TADEMA


God Speed
Sir Lawrence Alma Tadema
1893


La prospérité des peintres connait des hauts et des bas, en 1885, le prix de vente d'un seul tableau d'Alma-Tadema représentait une somme suffisante pour acheter tous les Monet existants. En 1960, la vente d'un seul Monet aurait permis d'acquérir toute l'oeuvre d'Alma-Tadema. Heureusement, on a depuis redécouvert et apprécié à sa juste valeur le Néoclassicisme, l'Art Pompier, d'Alma-Tadema.



Les Roses d'Helioglabale
Sir Lawrence Alma Tadema
1888

Sir Lawrence Alma-Tadema était le spécialiste des scènes de genre inspirées par l'Histoire grecque et romaine qu'il avait découverte lors de sa visite à Pompéi. Il excellait à rendre le poli et les veines du marbre des demeures de l'Antiquité. Une perfection proche du trompe -l'oeil qui l'avait fait baptiser par les critiques d'Art de l'époque victorienne "le plus grand peintre de marbre du monde"...



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Sir Lawrence Alma Tadema
Under the Roof of  Blue Ionic Weather




Baptisé Lourens (ou Laurens) par ses parents, (Pieter Jiltes Tadema, notaire du village, dont il était le 6e enfant, et Hinke Driks Brouwer, dont il était le 3e enfant, car Pieter avait 3 fils d'une précédente union) l'artiste naquit à Dronrijp, un village de Frise, en Hollande, le 8 juillet 1836. L'un de ses amis écrivit plus tard "il savait dessiner avant d'avoir tout à fait perdu les zozotements de son enfance". 



Past And Present Generation
Sir Lawrence Alma Tadema
1894


Lourens entama des études de droit pour devenir avocat, tout en s'adonnant au dessin, car sa mère considérait avec bonheur la pratique de l'Art. En 1851, épuisé nerveusement et physiquement par cette double vie, Alma Tadema tomba sérieusement malade, au point de voir Hinke lui accorder de consacrer "ses derniers jours" à l'Art. Et ce fut le salut, le jeune Lourens se rétablit totalement et fit preuve d'une santé de fer tout au long de sa vie. 



Sir Lawrence Alma Tadema
A Coign of Vantage
1895

L'artiste mit cette vitalité retrouvée au service de sa carrière. Admis à l'Académie d'Antwerp en 1852, il travailla dur pour rattraper le temps perdu. Peu d'oeuvres demeurent de ces années de formation. Lourens puisait alors son inspiration dans l'histoire mérovingienne. Sous l'influence de son ami Louis de Taye, Alma Tadema pu acquérir la faculté de peindre l'histoire avec une grande précision archéologique. 


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Caracalla et Geta
Sir Lawrence Alma Tadema
1907



Alma Tadema fut l'élève de Gustave Wappers et de Nicaise de Keyser à l'Académie des Beaux-Arts d'Anvers. Et puis grâce à son maître Bruxellois, le baron Hendryck Leys, le jeune artiste a pu parfaire sa connaissance de l'Antiquité, et maîtriser sa technique. En 10 ans d'études acharnées, il fut prêt à affronter le jugement de ses pairs et exposa avec succès ses oeuvres d'inspiration égyptienne dans l'Europe entière. 


Offrande d'Eté
Sir Lawrence Alma Tadema
1911

Installé à Paris, c'est en 1863, après son mariage avec Pauline Gressin de Boisgirard, que l'artiste visita Pompéi lors du voyage de noces du couple, (après avoir vu les frises du Parthénon à Londres). Alma Tadema fut fasciné par les nouvelles excavations de Pompei et garda un souvenir photographique des lieux et ruines.


Sir Lawrence Alma Tadema
Hopeful
1909
Clark Art Institute
Williamstown MA - USA


En 1864, il remporta la médaille d'or du Salon de Paris pour ses "Divertissements dans l'Egypte Ancienne". Les artistes tels Jean-Léon Gérôme, Rosa Bonheur ou encore Alfred Stevens louèrent son habileté. Ernest Gambart, le plus grand marchand d'Art de l'époque, lui offrit un avantageux contrat. Mais ce fut de Grande-Bretagne qu'arrivèrent la plupart de ses commandes. 



Sir Lawrence Alma Tadema
Inconscious Rivals


En 1870, comme Claude Monet, Henri Fantin-Latour, Gustave Doré, Camille Pissaro ou Alfred Sysley, Lourens Alma-Tadema se réfugia à Londres pour fuir la guerre franco-prussienne qui faisait rage en France. Le milieu artistique accueillit à bras ouverts "celui qui peignait des Victoriens en toge". Pauline, sa première épouse décédée en 1869, laissa 2 enfants à Alma Tadema qui se remaria avec Laura Epps, une de ses élèves Anglaises dont le talent n'avait rien à envier à celui de son mari.



Sir Lawrence Alma Tadema
A Favourite Custom
1909
Tate Modern
London - UK


En 1873, dès qu'il obtint sa nationalité britannique, l'artiste, dont le prénom s'écrivait désormais "Lawrence" et non plus "Lourens", accumula les honneurs et les décorations. Suprême consécration, Alma Tadema fut élu à la Royal Academy en 1876 et anobli par la reine Victoria en 1899. 


Sir Lawrence Alma Tadema
"The Finding of Moses"
1904


Le public anglais appréciait son sens du beau. Les tableaux d'Alma Tadema représentent, dans des formats plutôt modestes, des scènes de la vie quotidienne transposées dans l'Antiquité. Les personnages y sont beaux, élégants, ne laissent rien transparaître de leurs émotions. Le ciel y est bleu, la Méditerranée  idéale, le marbre jonché de roses... Ses expositions à la Grosvenor Gallery attiraient la foule, la fortune de l'artiste était établie. 



Promise of Spring
Sir Lawrence Alma Tadema
1890
Collection Privée


Ce fut en 1883 qu'Alma Tadema et sa famille emménagèrent dans l'ancienne maison de James Tissot à Regent's Park, dans cette demeure extravagante, où l'atmosphère de ses tableaux était reconstituée dans une débauche de luxe. Il y recevait les personnalités les plus en vue de l'époque, George Eliot, le préraphaélite Edward Burne-Jones, sir Arthur Conan Doyle, le prince de Galles (futur Edward VII), son ami peintre Frederic Leighton et le jeune Winston Churchill... 


Silver Favorites
Sir Lawrence Alma Tadema
1903
Manchester City Art Galleries


Ce fut à cette époque  que l'artiste produisit ses plus grands chefs-d'oeuvres. L'un d'eux, "Moïse sauvé des Eaux" inspira Cecil B. De Mille lorsqu'il réalisa le film "Les Dix Commandements". Les inoubliables superproductions de péplums hollywoodiens doivent beaucoup à Alma Tadema ! 


Sir Lawrence Alma-Tadema repose dans la cathédrale Saint-Paul à Londres.


Sir Lawrence Alma Tadema
"Ask Me No More"
(Ne me Demandez pas Plus)
1906
Sir Lauwrence Alma Tadema
Youth - Jeunesse


Fortune's Favourites
Sir Lawrence Alma Tadema
1895

11 commentaires:

  1. Un peintre que je ne connais pas passant très vite sur ce genre. On redécouvre depuis quelque temps, cette peinture du 19ème mais j'avoue que je n'y suis pas très sensible bien que ce soit beau. Le manque de sentiment ne me procure aucune émotion. Je reconnais qu'il peignait à la perfection. Gros bisous et bonne année !

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    1. C'est souvent le sentiment que provoque l'Art dit Pompier, un peu too much par moments, mais j'ai appris à l'apprécier, j'aime les préraphaélites, et le Néo Classicisme découle un peu à la fois de l'Académisme et du Préraphaélisme, mais là je parle du style, qui ne me déplait pas, par contre, au niveau émotion, il y en a moins effectivement que dans l'impressionnisme qui me touche davantage par ce coté là. Bisous et bonne année Crisitane

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  2. Je suis peu touchée par cette façon de peindre mais je regarde avec plaisir ces tableaux comme un beau livres d'images. L'art du détail par contre est parfait et admirable, tout particulièrement dans les vêtements et la végétation. Bises Nathanaëlle

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    1. Moi non plus, je suis peu touchée, mais ce que j'admire dans ce genre d'oeuvres, surtout celles d'Alma Tadema, ce sont les matières, le marbre, la soie, mais coté émotion, je suis d'accord, on est loin du compte lol
      Bisous Zoé !

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  3. Je découvre... je n'ai jamais (assez) prêté attention à ce style...qui ne me déplait pas toute une époque !
    Merci Nathanaëlle
    Bisous

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    1. L'Art Pompier a retrouvé ses lettres de noblesse, il était un petit peu décrié, en fait, ce n'est pas un mouvement, c'est une classification péjorative qui fut donnée en pleine période impressionniste, la trop grande maîtrise de ces artistes agaça les "cultureux" de l’époque et c'est ainsi qu'ils nommèrent le Néoclassicisme. Perso, je ne déteste pas du tout, je suis ancienne élève d'une école d'Art, et les matières sont extrêmement bien travaillées sur ces oeuvres, c'est ce qui m'a fait m'y intéresser, mais le coté émotion manque totalement, je suis bien d'accord.
      Merci Josette, bisous !

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  4. Bonne idée, cette biographie illustrée de Lawrence Alma-Tadema. Elle m'a permis de me mettre en mémoire son origine néerlandaise, alors que jusqu'ici je croyais ce peintre anglais de naissance.

    Mais que tu le ranges sous l'étiquette "Pompier" m'a étonnée. Je ne le trouve pas assez pompeux pour ça, ni pompier (pas de casques dans sa peinture ;-)) juste un peu (beaucoup, même !) pompéien :-)

    Pour moi, Tadema est avant tout un peintre académique (tel Bouguereau, pour n'en citer qu'un) et après "académique" pour Tadema j'ajouterai le qualificatif "glamour".

    En dehors des scènes de genre animées, où prime l'anecdote, telles "A Favourite Custom" et "Fortune's Favourites", Tadema aurait tendance à me faire bailler :-)

    Bref, mises à part quelques unes de ses œuvres, je trouve le parcours de ce peintre plus intéressant que sa peinture.

    Mais je suis bien d'accord avec toi pour lui reconnaître un vrai talent en ce qui concerne les matières que tu as citées, le marbre au premier chef, auquel j'ajouterai la clarté de l'eau de la piscine.

    Au final, une belle présentation dont je te remercie, Nathanaëlle.
    Bisous

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    1. C'est vrai Alma-Tadema est un peintre académique, mais il est aussi classé dans le néoclassique, et ces mouvements étaient qualifiés à l'époque d'art pompier, art qui depuis a pris ses lettres de noblesse ! 😉 Ce n'est plus péjoratif de référencer un artiste dans cette catégorie.
      Et j'aime beaucoup certains artistes, tel Alma Tadema, en revanche, je suis moins fan de Bouguereau, en tout cas de certaines oeuvres de William Bouguereau.
      Comme toi, je suis admirative du traité des matières d'Alma Tadema, il était le champion pour le rendu d'un marbre, quant à l'eau elle est transparente et fluide à souhait, c'est une merveille (c'et tellement difficile de rendre la fluidité de l'eau sur une toile). C'est surtout pour cela que j'ai commencé à admirer cet artiste, il y a bien longtemps, quand j'étais élève dans mon école de dessin, en première année, et même en 2e, on apprenait à travailler les matières et Alma Tadema (que j'ai découvert à cette époque) était l'un de mes peintres favoris pour recopier les oeuvres, ne serait-ce qu'une partie de toile, pour apprendre à travailler la matière. Ensuite, en 3e et 4e années, une fois que l'on sait reproduire la matière, (quelle qu'elle soit, toutes les matières : le tissu, la pierre, le verre, la peau etc..) on laisse place à l'émotion, à incorporer l'émotion, c'est déjà nettement plus complexe, cela fait appel à la sensibilité de chacun lol Et pourtant, là, chez Alma Tadema, je vois une certaine émotion, malgré tout ce que l'on peut dire sur ces oeuvres académiques. Cela me touche nettement moins qu'une oeuvre impressionniste ou autre, mais on n'est pas Alma Tadema pour rien...
      Je vais creuser du coté de son épouse, Laura Epps, j'en parle très brièvement ici, mais elle a, elle aussi, été une artiste, ancienne élève de son mari, et les artistes femmes, on en parle tellement peu... si peu ! Donc je vais lui consacrer un billet, même si je me répète un petit peu sur cet art dit "pompier" 😉 Parce qu'elle le vaut bien, comme dit la publicité lol
      Merci Tilia pour ton commentaire, c'et vrai que l'art d'Alma Tadema est glamour !
      Bisous à bientôt !

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    2. Pardon, je suis un peu bavarde... oups...

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  5. une peinture un peu trop classico-romantique pour moi... mais j'aimais reproduire en miniature les femmes de dante gabrielle rossetti..et j'ai commencé de l'apprécier ..avec l'âge... :))) bises

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    1. J'aime beaucoup les oeuvres de Dante Gabriel Rossetti, c'est un préraphaélite, j'aime bien ce mouvement, notamment pour les représentations assez sensuelles et même mystiques des héroïnes de légendes ou de tragédies, comme Ophélie par exemple. Je ne sais pas si tu connais le roman de Rita Cameron, la Muse, il raconte l'histoire de Rossetti avec sa muse, (qui devint aussi son épouse) Elisabeth Siddhal, mais cela n'a rien d'une romance... J'en parle sur mon autre blog, et même ici je crois dans un précédent billet.
      Bisous Elfi, merci pour ta visite !

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