Mikhaïl Aleksandrovitch Vroubel est considéré comme l'un des les plus grands peintres russes du Mouvement Symboliste, et pionnier du Modernisme (Art Nouveau russe). Sa technique fortement innovatrice, inspirée par l'Art bysantin, rompit avec les traditions de l'Académie des Beaux Arts de St Pétersbourg où il avait été brillant étudiant, et se dissocia de la conscience sociale des "Vagabonds" (romanciers russes dont Dostoïevski). Personnalité à part, Vroubel fut un artiste profondément original et indépendant, il amena l'Art russe au seuil du XXe siècle.
Vroubel naquit à Omsk, en Sibérie, le 17 mars 1856. Orphelin de mère à l'âge de 3 ans, il fut diplômé de la Faculté de Droit de l'Université de St Petersbourg en 1880. Peu après l'obtention de ce diplôme, son père reconnut enfin le talent artistique de sa progéniture. L'année suivante, Mikhail Vroubel entrait à l'Académie Impériale des Beaux-Arts où il étudia sous la direction de Pavel Tchistiakov. Déjà dans ses premières œuvres, l'artiste montrait son singulier penchant pour la suppression des perspectives. Plus tard, il développa un autre penchant pour la composition fragmentaire et la "touche inachevée".
Sirène
En 1884, on fit appel à Vroubel afin de refaire les peintures murales éffacées et les mosaïques du XIIe siècle de l'église Saint-Cyril de Kiev. Afin d'exécuter au mieux ce travail, il partit pour Venise étudier l'Art chrétien médieval. C'est là que, selon les mots d'un historien de l'Art, "sa palette acquit de nouvelles tonalités saturées, fortes comme le jeu iridescent des pierres précieuses". La plupart de ses œuvres peintes à Venise furent perdues, l'artiste était plus intéressé par le processus créatif que par la promotion de ses oeuvres.
De retour à Kiev en 1886, Vroubel présenta quelques plans pour la construction de la nouvelle la cathédrale Saint Vladimir, aucun ne fut retenu par le Jury, cependant la décoration intérieure de l'édifice lui fut confiée ainsi qu'à 9 autres artistes. En 1889, l'artiste rejoignit la Colonie d'Abramtsevo, dont les batiments appartenaient au mecène Savva Mamontov (colonie d'Artistes que l'on compare à l'Ecole de Pont-Aven en France). En 1905, Vroubel créa d'impressionnantes fresques en mosaïque sur l'hôtel Metropol de Moscou, le panneau Princesse Gryoza (Princesse de Rêve) orne le centre de partie supérieure de la façade sur Teatralnaya Ploschad (Place des Théatres).
Puis, de retour à Kiev, son sujet sur le Christ presque épuisé, Vroubel commença alors sa série de peintures et d'aquarelles sur le "Démon", long poème romantique de Mikhaïl Lermontov, longue description de la passion charnelle d'un "éternel esprit nihiliste" à Tamara, jeune fille Géorgienne. L'artiste ajouta du bronze en poudre à ses huiles pour atteindre des effets particulièrement lumineux et chatoyants qui perdirent rapidement leur éclat. La plupart des critiques conservateurs accusèrent la laideur sauvage de cette toile, le mécène Savva Ivanovitch Mamontov trouva là une "symphonie fascinante d'un génie". A cette époque, Vroubel développa un vif intérêt pour les arts orientaux, en particulier les tapis persans dont il tenta d'en imiter la texture sur ses tableaux. A l'instar des artistes associés à l'Art Nouveau, Vroubel créa également des céramiques, des majoliques et des vitraux ainsi que des masques architecturaux.
Lilas (1900)
En 1896, Vroubel épousa la célèbre chanteuse d'Opéra Nadezhda Zabela. L'artiste créa les décors et les costumes pour les rôles de sa femme, interprète de la "Fée des Neiges", du "Cygne et la Princesse", et la "Princesse Volkhova" de Rimsky-Korsakov. Tombé sous le charme des contes de fées russes, l'artiste exécuta une partie de ses chefs d'oeuvres les plus appréciés dont "Pan" (1899) réalisé en quatre jours, le merveilleux "Princesse Cygne" portrait de son épouse (1900) et "Lilas" (1900).
Perle d'Huître 1904
En 1901, il retourna vers ses thèmes tourmentés et démoniaques, thème qui satura le public, et l'entraina vers une maladie mentale aggravée par la syphilis. En 1906, alors qu'il peignait une mystique Perle d'Huitre (1904) et quelques variations saisissantes sur les thèmes des poémes de Pouchkine dont "Le Prophète", les premiers signes d'une cécité l'obligèrent à abandonner la peinture. Vroubel décéda le 10 avril 1910 à Saint-Pétersbourg.
Source : biographie tirée pour une partie du Wikipédia anglais.
Très beau billet sur un peintre que j'aime beaucoup, avec une biographie bien ordonnée, bravo !
RépondreSupprimerEn juillet dernier, j'ai publié un poème composé spécialement afin d'exprimer mon amour pour Le Démon de Vroubel. . Ce billet intitulé "Beau ténébreux", est une partie de l'étude approfondie que j'avais réalisé deux ans plus tôt sur ce peintre fascinant.
J'ai conservé les liens vers la Tretyakov Galerie, notamment celui qui montre l'immense toile qui reproduit la mosaïque en panneaux de céramique de l'hôtel Metropol. Mais aussi la page qui de la Galerie qui montre le fronton de l'hôtel portant l'oeuvre de Vroubel basée sur la pièce d'Edmond Rostand La Princesse lointaine.
Une pièce qui repose elle, sur l'histoire du chevalier Geoffroy Rudel, seigneur de Blaye. Il s'était épris d'amour pour la comtesse de Tripoli qu'il n'avait jamais vue, mais dont il avait entendu vanter la bonté et la courtoisie par les pèlerins qui revenaient d'Antioche. Il l'avait célébrée dans ses poésies. Poussé par le désir de la voir, il se croisa et se mit en mer. Pendant le trajet, il tomba dangereusement malade et ses compagnons craignaient pour sa vie. Enfin le vaisseau arriva à Tripoli et on transporta dans une hôtellerie Geoffroy Rudel privé de tout sentiment. La comtesse de Tripoli avertie vint près de lui, et, quand il sut que c'était elle, il retrouva la vue, l'ouïe, l'odorat, et loua Dieu, lui rendant grâce d'avoir soutenu son existence jusqu'à ce qu'il eût vu sa dame. Il mourut peu de temps après ; la comtesse le fit enterrer avec de grands honneurs dans la maison du Temple à Tripoli, et puis elle prit le voile.
Pour finir, je viens de trouver par hasard LE site qui présente "All Mikhail Vrubel's oil paintings". Tu l'avais peut-être déjà ?...
Bonne et douce soirée, chère Nathanaëlle.
Merci Tilia pour toutes ces précisions qui viennent étayer mon billet, j'igorais que tu avais consacré un article à cet artiste. Je viens de le découvrir, je suis passée vite sur l'épisode des démons de Vroubel, (naaaan, il fait peur le ténébreux lol) je ne suis pas fan de cette série lol j'ai préféré ses princesses, sa délicate perle irisée...(J'avais consulté le site de l'Hotel Métropol afin de trouver une photo du panneau de céramique de Vroubel mais je l'ai trouvée sur wikimedia) Je ne connaissais pas le dernier lien, (généralement je scanne mes docs) je connaissais quelques oeuvres mais j'ai fait quelques decouvertes, avec un grand plaisir (à grand renfort de "wouaahhh que c'est beau ça !" lol )
RépondreSupprimerC'est passionnant de "dialoguer" avec toi,je te remercie pour ton interêt,
Bises et belle soirée, heu, je vais dire belle nuit car il est tard lol, :)
Belle semaine,
Nathanaëlle
Quand on aime on ne compte pas ! Je me suis vraiment passionnée pour cette histoire de Princesse lointaine et je suis tombée en amour devant le tableau que Vrubel à fait de sa femme en Princesse Volkhova, la fille d'Océan dans Sadko, l'opéra de Rimsky-Korsakov, basé sur la byline de Sadko.
RépondreSupprimerLes bylines étant des légendes chantées ou des épopées médiévales, dont certaines content les aventures des chevaliers russes, les Bogatyrs, dont Vrubel a fait au moins un tableau.
Comme tu vois, je suis intarissables sur ces sujets où la peinture se mêle aux opéras basés sur les légendes merveilleuses des mythologies européennes ou orientales.
J'arrête là mon commentaire car j'ai aperçu ton nouveau billet et suis impatiente d'aller le lire, Quelle rythme tu as en ce moment dis-donc, j'ai du mal à suivre ! J'envie ton dynamisme ;-)
Passionnant ! Merci Tilia, je ne connaissais pas le tableau du bogatyr.
RépondreSupprimerJ'aime aussi les mythologies européennes, et tous ces opéras (ou ballets) qui en sont inspirés.
Le rythme ? Oops j'ai plutôt l'impression de fonctionner au ralenti, j'ai pas mal de travail en ce moment, je ne suis pas trop ponctuelle depuis le début mars. Mais j'essaie maintenir une régulatité. Ah j'en ai des choses à partager ! lol :)
Belle soirée,
Bises
Il ne s'agit pas de la "Prince Gryoza", mais de la "Princesse rêve", nom donné en russe à la "Princesse Lointaine" — personnage-titre de la pièce d'Edmond Rostand, aujourd'hui méconnue en France, mais célébrissime en Russie.
RépondreSupprimerMerci beaucoup pour votre commentaire, je corrige tout de suite la légende de cette photo.
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