jeudi 13 mai 2010

LES DAFFODILS DE WILLIAM WORDSWORTH

John Singer Sargent : "Nature morte aux Jonquilles"
documents Taschen

De tous les grands poètes de l'Angleterre, mon favori reste William Wordsworth (1770-1850) dont le premier poème que j'ai découvert de lui, il y a quelques années de cela : "Les Daffodils". Les jonquilles symbolisent la joie et le bonheur de la vie, la renaissance, un nouveau départ, béni par la grâce de la Nature, le poème est simple et mélodieux, l'artiste utilise un langage descriptif et ne resiste pas à vouloir participer à la danse des fleurs, ce poème est tout simplement un enchantement à lire. En 1804 près Ullswater Lake, Wordsworth écrivit "The Daffodils" un jour de promenade en compagnie de sa soeur cadette Dorothy. Ce poème, publié en 1815, est devenu l'un des plus populaires de l'Epoque Romantique. Pour Wordsworth "La poésie est le débordement spontané de sentiments puissants". Le poète contribua à forger le terme "Romantisme" dans la littérature anglaise avec IARichards en 1798, par la publication des "Lyrical Ballads".


Henri Fantin-Latour : Jonquilles

Les Jonquilles (The Daffodils)

J'allais solitaire ainsi qu'un nuage
Qui plane au dessus des vaux et des monts,
Quand soudain, je vis en foule - ô mirage ! -
Des jonquilles d'or, une légion.
A côté du lac, sous les branches grises,
Flottant et dansant gaiement à la brise.

Sérrées comme sont au ciel les étoiles
Que bl'on voit scintiller sur la Voie Lactée,
Elles s'étendaient sans un intervalle
Le long du rivage, au creux d'une baie.
J'en vis d'un coup d'oeil des milliers, je pense,
Agitant leurs têtes en une folle danse.

Les vagues dansaient, pleines d'étincelles,
Mais se balançaient encor plus allègrement,
Pouvais-je rester, poète, auprès d'elles
Sans être gagné par leur engouement ?
L'oeil fixe, ébloui, je ne songeais guère
Au riche présent qui m'était offert :

Car si je repose, absent ou songeur,
Souvent leur vision, - ô béatitude ! -
Vient illuminer l'oeil intérieur
Qui fait le bonheur de la solitude,
Et mon coeur alors débordant, pétille
De plaisir et danse avec les jonquilles !


Charles W. Hawthorne : "The Daffodils"

vendredi 7 mai 2010

LA PRIMAVERA

Henry Ryland : "La Primavera"

Des artistes de tous temps ont cherché à personnifier le Printemps, il est vrai que l'on s'imagine avec bonheur voir une jeune femme parcourir la campagne et faire naître les corolles et fleurir les bourgeons. La Primavera de Henry Ryland est un peu mélancolique, mais d'une sensibilité et d'une beauté touchantes. Watherhouse reste à mes yeux le meilleur allégoriste, (avec Edward Robert Hugues) il a personnifié musique, harmonie, vent, pluie nuit, étoiles... Tout ce que j'adore. Je consacrerai bientôt un article à son oeuvre. Celle de Botticelli, la plus célèbre de toutes, m'a permi d'inserer une petite analyse plus en profondeur, car la référence aux personnages mythologiques est pléthore.


John William Waterhouse "La Chanson du Printemps"



John Byam Liston Shaw "Naissance du Printemps"


Alphons-Maria Mucha "Le Printemps"


Alphons Maria Mucha "Esprit du Printemps"

Beda Stjernschantz Primavera




Sandro Botticelli (Alessandro di Mariano di Vanni Filipepi) : "La Naissance du Printemps"
photo : http://www.abm-enterprises.net
Gallerie des Offices - Florence - tableau peint entre 1477 et 1478 - tempera sur panneau de bois.
Les figures allégoriques à la fois profanes (mythologie gréco-romaine) et sacrées (religieuses Chrétiennes) se détachent sur le fond sombre des orangers. La confusion entre Vénus et la Vierge est troublante. Le jardin représenté ici, rappelle le Jardin de Vénus que Sandro Botticelli compare à celui des Hespérides. Toujours accompagnées par un dragon, celles-ci etaient les filles d'Atlas (on retourne à la mythlogie greco latine, et par là, à Idun, gardienne des pommes de Jouvence qui donnaient la force aux Ases dans la mythologie Nordique), et veillent sur les Pommes d'Or dédiées à la déesse de la beauté. Sur ce tableau, les orangers fleuris se condondent avec les fleurs parsemées au sol, ce détail indique que la scène se déroule au Printemps et plus précisément, au mois de Mai.

Le personnage de Flore, à droite en robe blanche, devient l'allégorie de la ville de Florence, chère à Botticelli. Des fleurs s'échappent de la bouche de la Nymphe des fleurs (Chloris) des Grecs, lorsque Zéphyr, dieu du Vent, lui envoie son souffle, il cause un trouble visible dans l'expression du visage de la jeune femme, trouble qui lui révéle sa féminité. Ces deux personnages mythologiques sont déjà présents sur le tableau de "La Naissance de Vénus", où l'on peut apercevoir l'enlèvement de Chloris par Zéphyr, pour la violer puis l'épouser et lui offrir l'empire des fleurs. Ces deux protagonistes sont donc très importants dans l'allégorie du Printemps car Zéphyr apporte le vent humide et chaud bénéfique à cette saison et Chloris devient Flore, déesse des Fleurs, et pare la Nature des ses bienfaits. Ce tableau célèbre aussi Marie par la présence de l'auréole végétale.

Flore, en robe blanche à fleurs, allégorie de la ville de Botticelli, acquiert là une maturité éclatante soulignée par sa robe décorée des fleurs venues de sa bouche.
L'artiste peignait de merveilleux motifs floraux sur les robes des Madones et des riches femmes de l'aristocratie florentine, ornementations particulièrement appréciées à l'occasion des fêtes.
Sandro Botticelli n'a rien représenté au hasard sur cette fresque réservée à un public plutôt intellectuel, jusqu'à la posture des personnages. Vénus au ventre rond semble prête à enfanter le monde. Son maintien rappelle celui des statues romaines et les rangées d'arbres amplifient cette position.

De sa main droite, Vénus désigne les Trois Grâces (Beauté, Vertu et Fidélité) afin d'attirer l'attention du regard sur Cupidon. Elle aborde une tenue ample qui met ses formes en valeur, le voile blanc tenu par un léger serre tête rappelle la coiffure des femmes mariées de la Renaissance. Elle arbore les même traits fins que toutes les femmes peintes par Botticelli : visage ovale et yeux en amande.
L'ange Cupidon, flèche tendue, surplombe la figure centrale. Une analyse très particulière du travail de Botticelli, cinq cent ans avant l'avènement de la psychanalyse, révèle des messages dans ce tableau que la bonne morale cléricale de son époque aurait considérablement réprouvés s'ils n'étaient, cachés, réservés à un public d'esthètes ou d'initiés :
Amour, Cupidon va tirer sa flèche, ce à quoi l'on s'attend de par la tradition picturale. Cela correspond à l'idée du bourgeonnement végétal, sujet du tableau.
Les choses se corsent lorsque l'on considère la direction du tir : la danse des Trois Grâces. Ces dernières sont à prendre dans leur ensemble : la sublimation de la féminité. On réalise alors la raison pour laquelle la danse et les positions des bras des Grâces sont bien différentes de celles de Rubens, à titre de comparaison, et pourquoi les mains se joignent au-dessus d'elles afin de composer cette forme ovalaire.
Il serait possible de qualifier cette connotation de "freudienne", si Botticelli n'avait pas quatre cent ans d'avance dans son symbolisme : la flèche, la danse amoureuse, et la polarité de ces symboles.

On peut reconnaître le dieu Mercure (Hermès chez les grecs) à gauche du tableau grâce à son casque, au caducée et à ses sandales ailées, il était le messager des dieux olympiens. Gardien du Jardin, il en chasse les nuages qui risqueraient de l'assombrir : rien, pas même une pluie bienfaisante, ne doit troubler cet idéal.

Une autre interpretation picturale consiste à inscrire cette peinture dans le canevas politique de la rivalité des Cités-État de la péninsule Italienne au Quattrocento (XVe siècle) : selon cette vision, l'Amour (Amor) serait la cité de Rome (Roma, selon une anagramme) ; les Trois Grâces figureraient Pise, Naples et Gênes. Mercure incarnerait la ville de Milan, Flore, la cité de Florence, quant à la figure centrale elle symboliserait Mantoue.
Dans cette logique Chloris et Zéphyr incarneraient le couple Venise et Bolzano, ou encore Arezzo et Forlì.
La Primavera est également le tableau d'un mariage, celui de Lorenzo di Pierfrancesco de Médicis, un cousin de Laurent de Médicis, avec Sémiramis Appriani que l'on peut identifier comme les deux personnages vêtus de rouge, couleur de la passion.

source : d'après Botticelli Taschen Editions et Histoire de l'Art.

mardi 4 mai 2010

MES TULIPES !


Un petit tour dans mon jardin (suite) : Mes Tulipes !









Coeur de Tulipe au diadème d'étamines noires...



Soies de pétales...


Je ne veux pas clore ce sujet printanier en omettant cette note de charme : un petit nid d'oiseau que les frimas de l'Hiver n'ont pas réduit à néant, même un peu abimé par le gel, la neige et l'eau, il reste un prodige de beauté, de savoir faire, de solidité, on se demande comment les petits oiseaux arrivent à "tricoter" ces petites merveilles.



photos : Nathanaëlle C.

samedi 1 mai 2010

FANTASY DE MAI

Mai - Moi de la Licorne
Illustration Severine Pinaux - le Bestiaire des Légendes
(cliquer sur l'image pour agrandir)